Grand Chalon

Qui est le directeur de l'Usinerie?

Qui est le directeur de l'Usinerie?

Mardi après-midi, Sébastien Martin, le président du Grand Chalon, et Sylvie Trapon, présidente de Nicéphore Cité et vice-présidente du Grand Chalon en charge du numérique, visitaient le chantier de l'Usinerie, futur pôle régional dédié à la transition digitale des entreprises industrielles, l'occasion de découvrir son premier directeur, Yannick Mahé. Son portrait et ses propos recueillis par Info Chalon.

Né, «c'est une coquetterie», dans ce petit archipel français d'Amérique du Nord qu'est Saint-Pierre-et-Miquelon en 1974 et diplômé en finances et gestion de projet, Yannick Mahé a exercé différentes fonctions de direction au sein de PME et de grands groupes avant d'intégrer le réseau UIMM.


Interrogé par Info Chalon en marge de la conférence de presse du 1er juin, dans la salle d'amphithéâtre de Nicéphore Cité, qui a eu lieu après la visite du chantier de ce projet unique en Bourgogne Franche-Comté, le directeur de l'Usinerie est revenu sur des moments-clé des neuf vies de ce fin connaisseur du monde industriel.


«Je suis arrivé en France en 1994 pour les études, qui devaient durer deux ans, et puis finalement je ne suis jamais rentré au pays si ce n'est pour des vacances ou des choses comme ça parce que la vie et mes premiers postes ont fait que j'ai toujours travaillé en France... dans plein d'endroits et dans plein de secteurs d'activités différents. Pour vous dire un peu la palette, moi j'ai commencé dans l'imprimerie, je suis passé dans la grande distribution, dans le bâtiment, dans l'hôtellerie en chambres d'hôtes ou la partie distillerie», nous dit le directeur de l'Usinerie.


En effet, Yannick Mahé a monté un projet avec un certain nombre d'amis à Saint-Pierre-et-Miquelon, partant du constat qu'il n'y avait plus rien du passé de l'archipel concernnt la période de la Prohibition.


Pour la petite histoire, en 1919, la fabrication, la vente et l'importation d'alcool sont interdites aux Etats-Unis suite au Volstead Act, puis au Canada. Résultat : à la fin de la Première Guerre Mondiale, la Prohibition prend effet et les Américains sont au régime sec. C'est à ce moment-là que Saint-Pierre-et-Miquelon, idéalement situé au large du Canada, devient la plus importante plaque tournante de l'alcool en Amérique.


Pendant plus de dix ans, argent et alcool coulent à flot dans le respect de la loi française. Quand les bouteilles d'alcool sont débarquées à Saint-Pierre-et-Miquelon, elles sont soumises aux taxes et droits de douanes français. Lorsqu'elles reprennent la mer via les goélettes des contrebandiers, elles sont vendues à prix d'or à quelques encablures des côtes américaines.


Les amis se sont dit «un peu à brûle-pourpoint, sur un challenge» qu'il serait temps de faire quelque chose puis cette petite idée folle a mûrie chez les uns et les autres et ils ont créé la SAS Distillerie de Saint-Pierre-et-Miquelon, le 23 novembre 2018, principalement axée autour d'un produit phare : le whisky Premium bio.


Produit pour lequel la Distillerie SPM a reçu un prix européen.


Yannick Mahé fait toujours partie du conseil d'administration de cette distillerie.


Depuis une quinzaine d'années, il travaille dans l'industrie «avec une participation très forte au niveau de l'UIMM», occupant notamment le poste de directeur de l'OCPA* avant de devenir directeur général de l'UIMM, fonction qu'il exercera de 2004 jusqu'au 4 janvier dernier, ce dernier ayant quitté l'UIMM fin décembre pour rejoindre les équipes du Grand Chalon.


Tour à tour, il a entre autres été directeur de l'ADEFIM, un organisme gestionnaire des fonds de la formation professionnelle, de 2003 à 2014 et directeur de GEIQ Industrie 71 / GEPIM 71, de 2009 à 2017.


Dans chaque société ou organisme dans lequel il a travaillé, Yannick Mahé a eu à gérer de nombreux projets d'envergure... comme celui qui l'attend avec l'Usinerie.


Spécialiste de la formation professionnelle, il a notamment contribué à la création de l'École de production à Chalon-sur-Saône en 2017 et des pôles d'excellence UIMM en Robotique Cobotique et Vision Industrielle sur Dijon, et, Nouvelles Technologies de Sondage et Technologie Additive et Environnement Numérique sur Chalon-sur-Saône.


En 2018, Yannick Mahé a assuré le pilotage du cluster en robotique, «Robotics Valley», qui permet de soutenir les entreprises industrielles dans leur transition technologique vers l'industrie 4.0.


«En créant Robotics Valley, l'objectif était de fédérer les énergies et de conquérir des marchés qui n'auraient pas été accessibles pour ces entreprises seules», indique-t-il.


Aguerri à la gestion de projets, ce passionné d'arts martiaux est aujourd'hui à la tête de l'Usinerie, futur Pôle de services technologiques dédiés à la transition digitale des entreprises industrielles de Bourgogne Franche-Comté.


«Aider les entreprises à passer le cap de l'industrie 4.0 est d'autant plus nécessaire aujourd'hui dans le contexte de la crise sanitaire. L'Usinerie doit jouer ce rôle d'accélérateur mais doit aussi, pour réussir sa mission : travailler en prise directe avec le monde industriel et l'écosystème territorial. Ainsi, une vingtaine d'entreprises dont les plus innovantes comme Festo, Fanuc ou Schneider ont déjà rejoint le projet pour nous permettre d'élaborer une offre de services et d'accompagnement qui soit la plus adaptée aux attentes et aux besoins opérationnels du tissu économique régional», explique Yannick Mahé.


Quant à la question de savoir si ce véritable touche-à-touche, qui est également président et entraîneur du club de boxe française Wallaby 71 depuis 2009, a hâte d'être à la direction de l'Usinerie, cela ne fait aucun doute.


«Oui, c'est un beau challenge! Mon cœur bat pour l'industrie depuis un certain nombre d'années», concède ce dernier.


«La France a été pendant longtemps un fleuron industriel. On parlait de la filière aéronautique, de la filière nucléaire, de la filière transport mais il y a un désintérêt pour l'industrie qui a été un peu mise de côté au profit du tertiaire. Prenons l'exemple des forges, de l'aciérie, tout est parti à l'étranger! On a aujourd'hui, dans le Grand Chalon, un territoire industriel qui est performant ou susceptible de l'être mais quand on sait que finalement le modèle va arriver assez vite, en frontal, par rapport à d'autres pays qui, eux, auront fait cet accompagnement technologique. Le risque, ce serait que ces pays-là qui ont déjà d'autres avantages concurrentiels, la main-d'œuvre ou la fiscalité par exemple, s'approprient en plus des avantages concurrentiels sur la technologie. On aura du mal, nous, même si la qualité industrielle française est connue et reconnue, à tenir car, à un moment donné, l'écart de prix poserait problème. Sachant qu'en plus, on a des problématiques de recrutement, de compétences», poursuit-il.


«Cela peut-être solutionné par de la robotique bien située. Avec l'Usinerie, on est sur des profils techniques industriels très expérimentés parce qu'il faudrait des interlocuteurs qui puissent aller voir différents chefs d'entreprise, petites ou grandes entreprises, sur des problématiques relativement larges donc des personnes avec beaucoup d'expériences industrielles avec une connaissance de ce qu'est l'industrie 4.0. Ils doivent être crédibles quand ils vont voir des chefs d'entreprise; à côté, s'ils discutent avec des laboratoires universitaires, il faut aussi qu'ils puissent être crédibles. Donc, on est sur des gens avec parfois plus de 15 ou 20 ans d'expériences dans l'industriel ou dans le monde du numérique car on a les deux profils», précise le directeur de l'Usinerie.


Celui-ci nous explique qu'il y a «de très belles candidatures» et que «soit cette semaine ou fin de semaine prochaine», les deux directeurs techniques de l'Usinerie seront identifiés.

* Sigle pour «Organismes paritaires collecteurs agréées». Chargés d’accompagner la formation professionnelle, ils ont été remplacés depuis par les opérateurs de compétences (OCPO) avec pour missions de financer l'apprentissage, d'aider les branches à construire les certifications professionnelles et d'accompagner les PME pour définir leurs besoins en formation.

 

 


Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati