Saône et Loire économie

Thierry Buatois, Président de la CPME Saône et Loire réagit aux annonces d'Emmanuel Macron

Thierry Buatois, Président de la CPME Saône et Loire réagit aux annonces d'Emmanuel Macron

Le Président de la République s’est adressé hier soir aux Français ; 

Qu’en retirez-vous aujourd’hui, principalement pour les TPE/PME que vous représentez en Saône-et-Loire ?

Au-delà des indispensables mesures sanitaires qui relèvent de sa responsabilité, il a affirmé, à juste titre, la nécessité de travailler davantage pour continuer à financer notre modèle social. Dans ce contexte, le « report de l’âge légal de départ à la retraite » sera effectivement indispensable lors de la réforme des retraites dont notre pays ne pourra indéfiniment faire l’économie. 

Taxer moins le travail et faire en sorte de veiller à ce que les demandeurs d’emploi soient incités à retrouver le chemin des entreprises semblent également des mesures de bon sens. Aujourd’hui, les chefs d’entreprise ne parviennent pas à s’expliquer les difficultés de recrutement qui sont les leurs alors que la France compte plusieurs millions de chômeurs indemnisés.

Par ailleurs, et s’il est vrai que l’État peut, et doit, avoir un rôle moteur pour doter notre pays d’infrastructures telles que de nouveaux réacteurs nucléaires, il lui appartient également de veiller à équilibrer les finances publiques en réduisant ses propres dépenses de fonctionnement, permettant ainsi de réduire le déficit et la dette publique. On peut légitimement déplorer le silence assourdissant du président sur ces points. 

Bruno Le Maire, Ministre de l'Economie, a annoncé peu avant que le Prêt garanti par l'État (PGE) est prolongé jusqu'en juin 2022. 

Encore un aménagement du dispositif de « sortie de crise » ?

Nous espérions un étalement du « remboursement des prêts » alors que Bruno Le Maire annonce que le Prêt garanti par l'État (PGE) est prolongé jusqu'en juin 2022, réagit un peu déçu Thierry Buatois. Pour autant, modère-t-il, on ne décèle pas encore trop de panique chez les entreprises qui ont pu en bénéficier concernant le remboursement. C’est la deuxième fois que le dispositif est prolongé. L'objectif est de soutenir nos PME encore en difficulté malgré une certaine reprise.

Je le répète, nous sortons peut-être de la crise sanitaire, et encore, rien n’est fait, mais sûrement pas de la crise économique, on rentre plutôt dans le vif du sujet dans les trimestres à venir, notamment sur le sujet de la main d’œuvre et de l’approvisionnement des matières premières et certains produits manufacturés.

Est-ce néanmoins une nouvelle bien accueillie que ce dispositif prolongé ?

Ce n'est pas le remboursement qui est prolongé de 6 mois, tient-il à préciser. Le PGE, comme son nom l'indique, c'est une dette. C'est un emprunt qu'il faudra rembourser. 

On peut décaler le remboursement de deux ans. Si vous le décalez de deux ans, vous devez rembourser votre prêt sur 4 ans. Donc, si on peut encore signer un PGE jusqu’en juin de l’année prochaine, c’est une bonne nouvelle, bien évidemment, mais cela ne répond pas à la question de ceux qui sont déjà fortement endettés et qui se demandent s'ils vont pouvoir rembourser sur 4 ans leur actuel PGE. 

Ce que nous attendions, à la CPME, au-delà bien sûr de cette mesure qui est positive, c'est de pouvoir étaler encore un peu plus le remboursement des prêts par l'État. 

Est-ce que demain, je vais générer assez d'activité, assez de chiffre d'affaires pour rembourser mon endettement ? 

C'est ça la vraie question.

Qu’en disent les TPE/PME que vous représentez sur le remboursement de ces prêts ?

Pour la majorité, beaucoup d'entre elles ont décalé le remboursement d'une année supplémentaire tel que le permet la loi aujourd'hui. Pour l'instant, on engrange de l'activité. Et puis, lorsque ça sera le moment de rembourser, on devrait pouvoir faire face à nos remboursements. Donc, il n'y a pas trop de panique par rapport au remboursement des PGE. Néanmoins, si l'activité est repartie d'une façon dynamique, il faut que cette dynamique dure longtemps, parce qu’il faut pouvoir amortir le poids de l'endettement sur les quatre années de remboursement, et cela, sans activité sur le moyen terme, cela sera très compliqué. Effectivement, beaucoup d'entreprises se disent : si je pouvais rembourser au-delà de mes 4 ans d'amortissement, je serais beaucoup plus serein quant à mon avenir.

Ces fameux prêts ont encore une réelle utilité alors ?

Ils ont eu une utilité très importante parce que bien évidemment, quand l'économie s'arrête, vos frais fixes continuent, eux !

Cela a permis à beaucoup d'entreprises de passer cette période sans activité sans pour autant déposer le bilan. C’est très important. Et puis, pour les investissements, cela a été bien évidemment un outil très intéressant puisque c'est garanti à 90 % par l'État. Pour ces raisons, c'est un bon soutien pour l’entreprise.

Mais invariablement, cela implique en remboursement tôt ou tard. D'où cette demande que nous faisons, de pouvoir l’étaler un peu pour passer cette période d'une façon un peu plus sereine.