Bourgogne

Julien ARBEZ, le photographe sauvage : « Je parcours les forêts pour y dénicher du bonheur »

Julien ARBEZ, le photographe sauvage : « Je parcours les forêts pour y dénicher du bonheur »

Dire de Julien Arbez qu’il est un amoureux de la nature est un euphémisme. Ancré dans les hauts plateaux du Jura, Julien est un homme biface, dont la vie sociale n’a jamais fait taire la vie sauvage. Le photographe entre dans l’intimité de la nature pour mieux en révéler toutes les beautés. Portrait d’Info-chalon.

Certains l’ont vu au Festival des prédateurs fin octobre à Lons-le-Saunier, d’autres dans l’émission “Nos terres inconnues”, diffusée mardi 2 novembre sur France 2, où Raphaël de Casabianca proposait au chanteur Amir une aventure hivernale dans les montagnes du Jura.

« J’ai 2 vies. Une vie sociale et une vie sauvage ». C’est par ces mots que commence le somptueux volume de photographies de Julien Arbez, Ma Vie sauvage dans le Jura, préfacé par le célèbre auteur compositeur interprète – comme lui d’origine jurassienne – Hubert-Félix Thiéfaine.

Préface du chanteur Thiéfaine

H-F Thiéfaine est avant toute chose un prince des mots. S’il a accepté d’écrire une préface à l’ouvrage de Julien Arbez, croyez-le, c’est que le travail du photographe l’a saisi.

« Ces images n’appartiennent plus au monde de la simple photographie, mais à celui, beaucoup plus mystérieux et secret, beaucoup plus universel aussi, de la poésie (…) À l’heure où l’on se demande si les humains n’ont pas définitivement perdu leur âme, on peut toujours se rassurer en se disant qu’avec Julien Arbez, les animaux, eux, ont su garder la leur (…) »

En quoi les photographies de Julien Arbez sortent-elles du lot ? Comment l’homme saisit-il ces instants ?

Une méthode, mais surtout une vision

Nous l’évoquions non sans raison : Julien Arbez n’est pas un photographe ordinaire. En témoignent ses images, mais aussi ses mots. Car l’ouvrage n’est pas une simple compilation de photos. En filigrane, ses mots à lui s’égrènent, magnétiques comme un mantra. « Je suis ici et maintenant, je suis bien. Je ne pense plus à rien. Je suis léger comme un désir. »

Tantôt poésie, tantôt murmures au creux de l’attente, texte et photographies forment une ode puissante à la nature : « J’aime la nature pour ce qu’elle est. Un arbre centenaire, une araignée microscopique, une jonquille ou une herbe folle, tous vivent leur vie, comme je vis la mienne. Chaque instrument a sa place et joue sa musique. »

Se fondre dans la nature et se taire

Silence, attente de 2 à 5 heures dans l’immobilité. C’est l’affût. Julien ne traque pas l’instant, il se laisse surprendre par lui. Aucun appât, aucun appeau – ce petit instrument utilisé pour attirer les oiseaux, en imitant leur cri. Juste « se fondre dans la nature et se taire », voilà son unique méthode : « Photographier à l’affût, sans appât ni trucage, c’est avoir soif de nature avant d’avoir soif d’images. » écrit-il dans son ouvrage.

« Je ne veux pas trahir, précise-t-il, je veux voir et comprendre. Si l’animal ne vient pas, jamais je ne suis déçu : je me sens privilégié dans cette intimité rare. »

Et la magie opère. On la ressent dans ses photos, il la ressent en lui-même : « Je me cache, je ne m’écoute plus, j’oublie tout. » Julien a une conscience aiguë de ce que lui apporte ces moments privilégiés : une sérénité, un état de pleine conscience que tout méditant peut lui envier.

Transmettre

Jurassien de naissance et de cœur, Julien Arbez se souvient de sa première passion d’ado, lorsqu’il arpentait déjà les forêts d’épicéas : les fossiles.

Puis le vivant lui ouvre les bras. Une passion pour la vie dans la nature, sous toutes ses formes et qui fait naitre un sentiment noble : l’humilité.

Le photographe est aussi animateur dans Haut-Jura et ses environs : en milieu scolaire et, aussi, auprès de prisonniers. De ses sorties d’initiation à la photographie animalière, il nous conte une anecdote.

« Dans la Prison de Bonneville, je mène une sortie en montagne avec des prisonniers. Une image me reste en mémoire, celle de 4 prisonniers, couchés autour d’un escargot de Bourgogne, ajustant leur appareil pour faire leurs photos. On a vu des marmottes et d’autres animaux, mais c’est cette scène autour d’un petit animal ordinaire qui m’est restée. À l’issue de la sortie, ils étaient touchés « Merci ! On ne connaissait pas du tout la montagne, on a eu l’impression de nous promener dans une carte postale. »

Pour Julien Arbez, l’appareil photo est un prétexte pour prendre le temps d’observer, en silence, le théâtre fascinant de la nature, parfois juste à côté de nous :

« C’est fabuleux d’observer, dans un coin de jardin, des araignées qui changent de couleur, des escargots avec des poils sur la coquille. La biodiversité ordinaire est magnifique. »

Par Nathalie DUNAND
[email protected]

Toutes les photos qui suivent cet article sont de Julien Arbez, comme celles qu’il nous a autorisé à utiliser pour notre article Chasseurs versus Renards : un combat inégal (voir ici) : https://www.info-chalon.com/articles/2021/11/11/65128/chasseurs-versus-renards-un-combat-inegal/

Il est également adhérent à l’association GRAINE, réseau régional d’éducation à l’environnement :
http://www.graine-bourgogne-franche-comte.fr/

Julien ARBEZ
24, route de Saint-Claude
39310 Les Moussières
Tél. : 03 84 42 67 42
Mail : [email protected]

Ouvrages :
Ma Vie sauvage dans le Jura, de Julien ARBEZ
Préface de Hubert-Félix Thiéfaine
2019 – 128 pages – Format 30 x 24 cm – Musmeci Spa, imprimerie locale – 36 €.

Le livre est maintenant disponible dans de nombreux points de vente du Jura et de ses alentours. 

https://julienarbez.fr/page/boutique

À paraitre prochainement :
Cache-Cache nature, livre nature pour les enfants (décembre 2021)
Joue contre joux, livre photo nature sur la vie des forêts de montagnes (septembre 2022)
Pour toute commande, envoyez un mail à [email protected] avec votre adresse postale.