Chapeau bas pour les 8 comédiens amateurs qui ont joué aux côtés de professionnels dans la pièce ‘Les Hortensias’

Chapeau bas pour les 8 comédiens amateurs qui ont joué aux côtés de professionnels dans la pièce ‘Les Hortensias’

Presque tous chalonnais, avec une moyenne d’âge qui force le respect et 3 jours seulement de répétition, le groupe a brillé sur la scène de l’Espace des Arts ! Témoignages…

C’est une ambiance bon enfant qui règne dans les coulisses lorsque nous venons à la rencontre de ce groupe composé essentiellement de chalonnais et pourtant, nous sommes à moins de deux heures de la représentation ! Le stress d’avant scène ne semble pas avoir d’emprise et ce sont des rires et des boutades qui viennent réchauffer l’atmosphère. Ils sont 8 ! 6 femmes et deux hommes, tous n’ont pas l’expérience de la scène. A leurs côtés, Patrick Pineau, metteur en scène, semble veiller sur eux avec beaucoup de bienveillance. A la question de savoir s’il travaille avec le groupe d’amateurs avec la même exigence qu’avec les comédiens, qui compte dans ce spectacle de grands noms de la scène, il répond : « Ce que je fais, c’est travailler de la même manière ! […] A quoi bon, si on le prend à la légère… », « Avec la même patience et gentillesse », répondent presque en chœur les comédiens amateurs. Tous se disent épatés de voir le fonctionnement « de l’intérieur, c’est une ruche », précise l’un des participants, « pour un spectateur, c’est impressionnant d’être en coulisse ».

Jo s’est inscrite dans cette aventure « pour créer des liens, rencontrer des gens ». Marguerite n’a jamais fait de théâtre : « A 76 ans, je me suis dit qu’il fallait que je monte sur les planches et je ne regrette pas ! ». Josette, quant à elle, vient d’Autun : « Je suis venue grâce à ma fille. J’ai fait quelques années de théâtre avant. Je suis très heureuse de cette expérience, c’était un fantasme de jouer sur une grande scène avec des professionnels et cela se réalise à plus de 70 ans. Je remercie ma fille et le metteur en scène ! ». Patrick Pineau précise que les comédiens amateurs ont été sélectionnés par les lieux d'accueil du spectacle. « Le groupe, c ‘est important », précise Jo, « toute seule, à 2 ou à 3, je ne l’aurais pas fait. », pour elle, le projet est arrivé à point nommé : « j’avais besoin de rencontres et c’est une belle rencontre ! ».

Nous poursuivons notre petit tour de table avec Irène, 79 ans, qui participe à ce projet suite à un désistement : « Je me suis lancé un défi. J’avais déjà participé à des chorégraphies, Chalon dans la Rue… mais c’est la 1re fois avec du texte. Bien que j’ai tendance à avoir le trac, je le referais sans hésiter ». Isabelle, elle, connaît bien les sensations de la scène, cette musicienne, avait fait par ailleurs un peu de théâtre : « Je m’ennuyais, l’appel à inscription a été fait au sortir du confinement et j’avais besoin de voir des gens ». Christophe, 30 ans dans le milieu du spectacle a tout de suite sauté sur la proposition et n’est pas déçu même s’il aurait aimé partager plus de moments avec les comédiens de la pièce. Pour Monique, c’était l’occasion de renouer avec le théâtre qu’elle avait un peu connu  et précise « qu’à un certain âge, il faut du courage » pour se lancer dans une telle aventure mais « c’est quelque chose de formidable », elle qui s’est inscrite dès qu’elle a appris l’existence de cette participation. Jean-François, quant à lui, avait déjà pratiqué le théâtre en amateur à Sennecey-le-Grand et après quelques échanges, conclut : « J’ai découvert un metteur en scène très pédagogue. Les textes sont beaux […] On ne peut qu’être fiers de jouer une pièce comme ça. » 

L’auteur de la pièce Mohamed Rouabhi nous rejoint et les comédiens amateurs s’empressent de lui poser des questions. « Jouer est un engagement physique aussi », souligne le metteur en scène, car « porter la voix sur scène n’est pas naturel. » Quoi qu’il en soit, ce sont toujours des personnes très motivées qui participent et qui découvrent les choses en peu de jours, explique l’auteur, « l’idée au départ , c’est qu’il y ait de la participation, que ce ne soit pas juste une silhouette. » L’un et l’autre souhaitaient qu’il y ait beaucoup de personnes sur le plateau. Et l’expérience plaît, « à Bourges, suite aux deux représentations, les comédiens amateurs ont décidé d’essayer de monter un groupe ». Auteur et metteur en scène se souviennent également de Jacqueline, 88 ans, lourdement handicapée et qui a voulu jouer ; une rencontre extraordinaire à n’en pas douter.

Une des participantes tient à préciser : « Il y a une chose importante sur scène, c’est qu’il y a trois générations qui sont là. » C’est Jean-François qui conclura l’entretien : « Je tiens à souligner l’accueil extraordinaire de l’équipe de l’Espace des Arts. Les gens sont aux petits soins avec nous, c’est très rassurant ». Les représentations ont eu lieu jeudi 24 et vendredi 25 mars à 20h au Grand Espace de l’Espace des Arts. Le public a été très sensible à cette pièce drôle et émouvante, qu’il a longuement applaudi. Les 8 comédiens amateurs du territoire : Marguerite Chevat, Monique Bailly, Josette Kussiak, Isabelle Feraud, Christophe Lambert-Bilinski, Jean-François Buffot, Josette Martin et Irène Davanture, ont joué aux côtés de comédiens qui ont brûlé les planches. Le texte ‘Les Hortensias’ est disponible aux éditions Actes Sud.

SBR

Pour en savoir plus : « Une très ancienne abbaye aujourd’hui désaffectée, « Les Hortensias », abrite une résidence pour personnes âgées. Au sortir d’un petit village, en pleine nature et entouré de vignobles, ce havre de paix accueille essentiellement des retraités, femmes et hommes, ayant servis dans les métiers du spectacle, ainsi que d’anciens artistes de la scène : Lola, Robert, Sacha et Prosper, qui ont goûté à leurs heures de gloire, leur vie de lumière, mais aussi à la part sombre de l’existence. Ils ont tous des soucis de santé, plus ou moins importants. Mais ils s’acharnent tous à vivre un jour après l’autre. Ils coulent des heures plus ou moins paisibles, passant leur temps à lire, peindre ou dessiner, jouer aux cartes, regarder la télévision ou raconter des histoires plus ou moins authentiques. D’ailleurs, plus personne n’est vivant pour affirmer le contraire. La mémoire défaille, l’acuité se tarit. Beaucoup sont seuls. Certains ont encore de la famille qui vient les visiter. C’est l’occasion de sortir pour déjeuner ou passer un moment agréable dans le grand jardin de l’abbaye, au milieu des fleurs et des arbres fruitiers. La directrice de l’établissement, Marie-Thérèse Lemoine, est une femme entièrement dévouée à ses résidents. Elle s’est entourée d’un personnel jeune et très actif pour entretenir avec soin l’immense demeure. Elle va devoir affronter des jours difficiles. Le budget des Hortensias est de nouveau réduit et l’avenir s’annonce très incertain. Les mésaventures vont s’enchaîner et secouer la sérénité du lieu, mettre à mal la petite communauté. Mais en cette période électorale, tous les regards vont se tourner vers l’abbaye et un évènement inattendu va bouleverser le cours de l’histoire… » Mohamed Rouabhi

Avec Louis Beyler (Robert) ; Monique Brun (Lola / Yvonne / Louise) ; Ahmed Hammadi-Chassin (Dr Valentin /Philippe / Medhi) ; Claire Lasne-Darcueil (Marie-Thérèse) ; Aline Le Berre (Marion / Simone / Sophie / Marie / Valentine / Lieutenante Thibaut / La journaliste) ; Djibril Mbaye (Loïc / Gendarme Lassalle) ; Nadine Moret (Laëtitia / Marie) ; Annie Perret (Sacha / Odette) ; Olivier Perrier (Prosper) ; Mohamed Rouabhi (René / Mario / Juan Jésus) ; Marie-Paule Trystram (Joséphine / Maryline / Suzette) et 8 comédiens amateurs sélectionnés dans chaque ville d’accueil de la pièce.