Agglomération chalonnaise

Le contrôle technique des deux-roues motorisés ? « C’est purement du lobbying »

Le contrôle technique des deux-roues motorisés ? « C’est purement du lobbying »

Lionel Chenard, patron de la concession “Harley-Davidson Chalon", et Cécile Boccalini, conseillère commerciale, s’expriment sur cette mesure qui n’a pas fini de soulever un tollé chez les motards.

Info-chalon : Nouveau rebondissement dans la saga du contrôle technique des deux-roues motorisés. Qu’en pensez-vous ?

Lionel : Ça fait plus de 10 ans qu’on en parle… Il y a même des centres de contrôle technique dans le Chalonnais qui s’étaient déjà équipés. Pour ma part, je reste dubitatif pour plusieurs raisons. La première, c’est que le gouvernement joue au yo-yo avec cette mesure : elle était annoncée une première fois pour être suspendue aussitôt puis abrogée, et à nouveau sur le tapis… Ce qui apparaît derrière tout ça, c’est une absence évidente de fondement. On a l’impression que le gouvernement tâtonne sans viser de véritable objectif.

Info-chalon : Est-ce que le contrôle technique obligatoire assurerait une meilleure sécurité routière ?

Lionel : Il est certain que non, et ce n’est pas l’objectif de la mesure. Les chiffres officiels en témoignent sans ambiguïté : sur le nombre d’accidents des deux-roues, entre 0,3 % et 0,4 % seulement sont dus à une défaillance du véhicule. Et on comprend pourquoi : les motards ont bien conscience qu’en cas d’accident, ils n’ont pas la protection de la carrosserie, ils ne peuvent compter que sur leur équipement et la fiabilité de leur véhicule, c’est pourquoi ils veillent particulièrement à son entretien.

Il existe déjà des échéances d’entretien, par exemple la qualité du pneumatique : au bout de 5 ans, même s’il n’est pas usé, mais présente des déformations ou des craquelures, on est obligé de le changer.

Info-chalon : Alors, quelle est la motivation de cette mesure ?

Lionel : On peut la trouver déjà dans l’origine du contrôle technique automobile (depuis 1992, NDLR). Il avait été instauré pour fiabiliser les transactions entre particuliers. Sa justification était donc une sorte de garantie. Puis, au fil des années, il a été imposé pour les véhicules neufs au bout de 4 ans, et finalement est devenu obligatoire tous les 2 ans. Vous voyez, on s’est vite éloigné de l’objectif initial.

Or, en Europe, la société allemande Dekra est un des piliers du contrôle technique. Et croyez-moi, c’est un lobby très puissant. Arriver à faire passer cette mesure au niveau européen, c’est assez fort !

Cécile : Il y a aussi la pression des associations de défense de l’environnement… Mais on ignore tout encore. Quels points de contrôle vont-ils vérifier ? Les pneus, les freins, le bruit, la pollution ? Mais la lutte contre la pollution, on est déjà dedans avec les normes européennes imposées aux nouveaux moteurs.

Lionel : À part la pression d’un lobbying puissant, je ne vois pas d’autre justification raisonnable. Aujourd’hui, s’il fallait vraiment une mesure, elle devrait concerner les deux-roues de moins de 125 cm3 parce qu’on sait bien que les jeunes bidouillent leurs véhicules, et cherchent à augmenter sa puissance.

Cécile : J’ajouterais que la Harley-Davidson est un produit premium. Nos clients en prennent soin, c’est leur bijou.

Lionel : La concession est le point de rendez-vous des motards Harley-Davidson. Il y a un esprit de famille qui fait que souvent, quand ils ont du temps, ils s’arrêtent ici pour discuter. Et il n’est pas rare que l’un ou l’autre demande à propos de sa moto « Tiens, regarde, qu’est-ce que tu en penses ? ». Il y a une réelle continuité des échanges tout au long de la vie de la moto. Comme je vous le disais, les motards font très attention à leurs véhicules. Ils savent que leur sécurité en dépend.

Propos recueillis par Nathalie DUNAND
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