Chalon sur Saône
Les professionnels de la petite enfance en grève ce jeudi à Chalon-sur-Saône
Par Karim BOUAKLINE-VENEGAS AL GHARNATI
Publié le 19 Octobre 2023 à 17h23
À l'appel du collectif «Pas de bébés à la consigne», ce jeudi 19 octobre, les professionnels de la petite enfance en grève alertent sur la crise que traverse leur secteur. Ils dénoncent entre autres le manque d'effectifs, de formation et la perte d'attractivité de leurs métiers. Plus de détails avec Info Chalon.
Portes closes et volets tirés, certaines crèches du Chalonnais n'ont pas accueilli leurs petits pensionnaires ce jeudi 19 octobre 2023.
Répondant à l'appel national du collectif «Pas de bébés à la consigne», les professionnels de la petite enfance étaient en grève et réclament des «solutions rapides» pour rétablir la qualité des modes d'accueil, qu'ils jugent très dégradée, et améliorer leurs conditions de travail.
Une trentaine de grévistes se sont donnés rendez-vous ce jeudi à 14 heures, devant la Maison des Syndicats.
Parmi leurs revendications figure notamment l'inscription dans la réglementation d'un taux d'encadrement unique d'un adulte pour cinq enfants, effectif au plus tard en 2027, dans toutes les crèches.
Pour l'heure, la règle impose un encadrant pour 8 enfants s'ils marchent, un pour 5 s'ils ne marchent pas.
À noter qu'en 2021, une réforme en 2021 avait introduit une alternative permettant aux gestionnaires d'appliquer un taux unique d'un adulte pour 6 enfants.
Dans les faits, «l'accueil en surnombre est devenu la norme, aujourd'hui», selon Lucie Robert, l'une des représentantes locales du collectif «Pas de bébés à la consigne», «ce n'est pas tenable, ça ne devrait répondre qu'à des situations d'urgence».
Non seulement les professionnels sont en sous-effectif par rapport au nombre d'enfants, mais ils sont aussi sous qualifiés, d'après le collectif.
Ce dernier rappelle les conclusions de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) qui, dans un rapport choc publié en avril 2023, avait recommandé un relèvement du niveau de qualification des professionnels de la petite enfance.
«Avant, les équipes devaient être composées au minimum de 50% de diplômés d'Etat (puéricultrices, infirmières, psychomotriciennes... etc) et 50% de salariés avec une qualification petite enfance, souvent titulaires d'un CAP, mais, depuis un décret de 2010, ce ratio a été ramené à 40-60%. Cela signifie que sur une équipe de 10, seules quatre personnes sont diplômées», nous explique Lucie.
S'il ne «s'agit pas ici de dénigrer les titulaires d'un CAP», le collectif «Pas de bébés à la consigne» insiste sur le fait que l'obtention d'un diplôme d'Etat permet toutefois un approfondissement des connaissances nécessaire pour accueillir les enfants dans de bonnes conditions.
C'est pourquoi les grévistes demandent une inversion de ce ratio 40-60% et la mise en place d'une formation continue.
Pour sortir de la pénurie de personnel qui sévit actuellement, les professionnels de la petite enfance estiment également que leurs salaires doivent être réévalués au plus vite. Ils visent une augmentation d'au moins 10% pour tous et dans tous les secteurs, en points d'indice dans la fonction publique.
«Le secteur n'attire plus, surtout avec l'inflation et l'augmentation globale du coût de la vie», juge la représentante du collectif.
Le collectif «Pas de bébés à la consigne» espère sensibiliser le plus grand nombre à la crise du monde de la petite enfance.
Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati
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