Opinion

CIIVISE fragilisée : Non à l’affaiblissement de la lutte contre l’inceste !

La Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) a été créée en 2021, à la suite de l’afflux de témoignages de victimes d’inceste sur les réseaux sociaux et dans les médias suscité par le livre de Camille Kouchner La Familia grande (Seuil, 2021). Emmanuel Macron prenait alors la parole publiquement et disait aux victimes : " vous n'êtes plus seules, on vous croit." Depuis cette prise de parole historique et hautement symbolique pour un président de la République, la Ciivise a permis à 30 000 victimes de s’exprimer, et de reprendre confiance en la vie.

Cette commission agit dans un seul objectif : mettre fin aux violences sexuelles incestueuses faites aux enfants, véritable fléau de santé publique. Car la réalité est glaçante : 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année, issus de tous milieux sociaux. Soit 3 enfants par classe de 30. 130.000 filles et 30.000 garçons ! Les violences sexuelles incestueuses sont commises à 80% dans la famille, par 90% des hommes de cette famille. L’impunité des agresseurs et l’absence de soutien social donné aux victimes coûtent 9,7 milliards d’euros chaque année en dépenses publiques. Les deux tiers de
ce coût faramineux résultent des conséquences à long terme sur la santé des victimes. Les chiffres sont vertigineux, et derrière ces chiffres, il y a des visages de filles et de garçons, de femmes et d’hommes, pour lesquels les dégâts sont immenses et encore présents. Car ces violences dévastent absolument tout.

La CIIVISE emmenée depuis 2021 par Edouard Durand, juge des enfants et Nathalie Mathieu, directrice générale de l’association Docteurs Bru, a participé à objectiver ce fléau qu’est l’inceste, elle a également formulé 82 préconisations de politique publique, réalistes et réalisables, indiquant que leur mise en œuvre sera moins coûteuse que le coût du déni.

Et quelle a été la réponse du gouvernement à ces préconisations ? L’éviction du juge Durand et de Nathalie Mathieu, pour les remplacer par un homme et une femme qui n'ont pas pris part aux recommandations les plus importantes de la commission, et qui sont même contre certaines d’entre elles. Onze membres de la Commission sur cinquante ont ainsi démissionné en signe de protestation contre cette éviction par le gouvernement. Or le travail mené par le juge Durand doit absolument se poursuivre et s’accélérer.

Nous, élues métropolitaines et régionale, interpellons les parlementaires de Bourgogne-Franche-Comté afin qu’ils se mobilisent pour que le travail de la CIIVISE consistant à rendre visible les violences sexuelles commises sur les enfants, à alerter les consciences et surtout à mettre en œuvre les 82 préconisations formulées par le juge Durand et Nathalie Mahieu, soit poursuivi, pour « mettre le dire en face du faire ».

Nous, élues métropolitaines et régionale, soutenons la manifestation des associations locales prévue ce samedi 23 décembre « Durandez-nous la CIIVISE ».

Océane GODARD, Vice Présidente Conseil Régional Bourgogne-Franche-Comté; Conseillère municipale et métropolitaine Dijon

Kildine BATAILLE, Adjointe au maire et conseillère métropolitaine Dijon