Châtenoy le Royal
Des nouvelles d'Alexis dans son Tour de l’Agriculture Française
Publié le 12 Octobre 2018 à 07h00
Parti en vélo le 16 septembre 2018 de la ferme familiale du Grand Coppis à Châtenoy-le-Royal, Alexis Peulson fait étape actuellement à Paris, avant de partir sur la Normandie et la Bretagne, un tour de France de l’agriculture plein d’enseignement et de réflexion.
Info-chalon.com tient à soutenir ce projet particulier d’Alexis Peulson, jeune ingénieur de 21 ans lequel a décidé de réaliser un Tour de l’Agriculture Française en vélo. Nous avons pu faire un point avec lui au terme de quatre semaines de route.
info-chalon : Alexis, en premier lieu, dites-nous ce que vous avez parcouru depuis votre départ le 16 septembre 2018 ?
Alexis Peulson : "Comme vous le voyez aujourd’hui ( nldr : 10 octobre 2018) je suis à Paris, du coté de la Porte de Versailles, après un périple essentiellement dans la partie Est de la France. Le premier jour je me suis arrêté à Nuits St Georges, ensuite à Saulon-la-Chapelle en Cote d’Or, avant de prendre la direction de Ensishein en Alsace (près de Mulhouse)
Puis je suis revenu en Bourgogne à Gémeaux et Etornay en Cote d’Or avant de faire une longue étape de 140 kilomètres, dans la même journée, et de me rendre à Charbuy dans l’Yonne, de là je suis allé sur Epernay en Champagne, avant de filer sur Paris."
IC : Déjà un beau périple qui vous a apporté, sans doute, beaucoup d’informations ou de réflexions sur l’Agriculture au regard des objectifs que vous êtes fixés. Qu’avez-vous à faire remarquer de particulier ?
AP : « Comme je l’ai dit, le projet de Tour de l’Agriculture Française a pour but, pour moi, de mieux comprendre notre agriculture d’aujourd’hui dans le circuit alimentaire particulièrement sur le plan économique, environnemental et social et ensuite d’imaginer, avec d’autres agriculteurs, celle de demain.
J’ai rencontré un agriculteur ACS, c’est à dire qui pratique une Agriculture de Conservation des Sols. Je me suis rendu compte du rôle écologique de cette manière de travailler les sols. Il évite les labours et la seule pénétration du sol se déroule lors des semis, ainsi le sol est couvert en permanence entre deux cultures tout en permettant une rotation plus grande des cultures elles-mêmes, et pouvant être différentes. Celle permet une grosse économie de fuel et d’achat de matériel de travail du sol.
Par exemple aussi, en cas de pluies ou de vent, l’érosion du sol est empêchée grâce aux racines des végétaux et qui plus est,permet de diminuer l’usage des produits phytosanitaires sur lesquels je trouve que l’on fait un peu trop de publicité négative vis à vis du grand public.
J’ai découvert qu’il n’existe pas que la forme Coopérative pour le monde agricole. J’ai rencontré un négociant à Saulon-la-Chapelle qui accompagne les agriculteurs dans la commercialisation des céréales, la vente de produits phytosanitaires et engrais. Une structure plus petite qui permet d’être mieux à la portée des agriculteurs donc plus réactifs. »
IC : Des rencontres qui apportent une autre vue de l’Agriculture pour aborder celle de demain ? N’est-ce pas un peu revenir sur des fondamentaux dans la paysannerie ?
AP : « On sent que les agriculteurs sont fatigués des critiques sur les pesticides par exemple, quand on sait que cela représente 1% de leurs achats et que çà mobilise 80% de l’espace médiatique. Les agriculteurs sont des gens conscients et surtout responsables de leur travail.
Je veux pour exemple ce maraîcher en agriculture raisonnée, il utilise des pesticides que dans des cas extrêmes, et il développe bien la vente directe à la ferme ou auprès d’entreprises de la région Dijonnaise.
Ou encore ces agriculteurs alsaciens, céréaliers en maïs, soja et blé. J’ai pu participer à la récolte du maïs en cribs. Une récolte de l’épi, et non pas du grain, qui ensuite est entreposé dans des grandes cages grillagées appelées « cribs » et ainsi le maïs sèche de façon naturelle, sans utilisation d’énergie pour le séchage. Une vaste économie qui améliore ainsi le bilan carbone de l’agriculteur. »
IC : On se rend compte, au travers de vos propos, que les agriculteurs rencontrés sont pleins d’idées, parfois simples, pour apporter leur contribution écologique au territoire et à vous entendre les exemples sont nombreux ?
AP : « Bien sur je pourrais aussi vous citer ces producteurs de Champagne d’Epernay qui depuis longtemps gère leur propre filière de façon très structurée.
En gérant leur production, il régule ainsi l’offre et la demande, tout en ayant une réserve en cas de coups durs. Il n’y a pas de surproduction et l’excédent aux quotas part en distillerie. En 2018 la production a été fixée à 10800 kgs/ha et ce type de gestion permet à la filière d’avoir une production constante et d’assurer une rémunération fixe dans une bonne pratique agricole. »
IC : Il y a vraiment matière à prendre conscience, pour le grand public, de la volonté agricole de modifier le comportement dans sa façon de cultiver. Que tirez-vous comme première conclusion au terme de ces quatre semaines ?
AP : « D’abord je ne regrette pas mon intention de réaliser ce Tour de l’Agriculture Française. C’est vraiment super et je devine plein de nouvelles clés pour le monde agricole. J’aimerais vraiment que le grand public prennent conscience de tout le travail, en amont, que peut faire un agriculteur pour apporter des produits alimentaires sains. Ce n’est pas parce qu’un agriculteur n’est pas « bio » que son travail doit être sous-estimé. Il faut respecter ce qui est fait et très souvent bien fait. Eviter de sa gargariser sur les pesticides comme on peut l’entendre actuellement. le monde agricole est un monde responsable qui a une belle vision des choses en matière écologique. »
Alexis Peulson est actuellement à Paris. Il doit rencontrer le milieu syndical de l’Agriculture. Une autre vision des choses, plus administratives ou politiques parfois, avant de reprendre son vélo pour la Normandie.
Bonne route Alexis et rendez-vous entre Nantes et Bordeaux dans un mois.
JC Reynaud
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