Economie

Chagny : signature d'un pacte Agri-Ethique France pour des acteurs locaux de la filière du blé, au Moulin Joseph Nicot

Chagny : signature d'un pacte Agri-Ethique France pour des acteurs locaux de la filière du blé, au Moulin Joseph Nicot

Ce mardi 28 mars, au Moulins Joseph Nicot de Chagny, plusieurs boulangeries (de Chagny, Saint-Rémy, Chalon-sur-Saône) se sont réunies pour signer le pacte Blé Agri-Ethique France, un pacte responsable qui fixe pour 3 ans le prix du blé, garantissant ainsi les revenus des agriculteurs engagés dans cette démarche aux côtés des meuniers et coopératives agricoles locaux pour donner le choix aux consommateurs de…consommer de façon plus solidaire. Le retour d’Info-Chalon.com.

Qu’il s’agisse de Lionel Borey, agriculteur à Crissey – adhérent et membre du bureau de la coopérative agricole Bourgogne du Sud –, Ludovic Brindejonc – directeur d’Agri-Ethique – ou encore de Jean-Philippe Nicot – président de Nicot Meunerie depuis 2012 –, tous sont d’accord pour reconnaître que la libéralisation des marchés agricoles ces dernières années a entraîné une volatilité des prix des matières premières agricoles et par conséquent créé de l’incertitude pour ceux dont l’activité repose sur l’une d’entre elles, c’est-à-dire le blé. Ce qu’a très bien résumé Jean-Philippe Nicot, hier, au Moulins Joseph Nicot de Chagny, en disant devant différents acteurs locaux de la filière du blé que « depuis la libéralisation, nous subissons des contrariétés fortes liées aux fluctuations sur les marchés », « une évolution néfaste et mortifère (…) contre laquelle il fallait réagir (…), « pour que chacun des acteurs de la filière puissent vivre de cette matière première qu’est le blé, (…) que tout le monde puisse vivre dans cette filière ».

(Lionel Borey, agriculteur à Crissey, adhérent et membre du bureau de la Coopérative agricole Bourgogne du Sud)

(à g : Ludovic Brindejonc, directeur d'Agri-Ethique ; à d : Jean-Philippe Nicot, de Nicot Meunerie)

Cette volatilité et cette incertitude, auparavant neutralisée, à tout le moins jugulée par une certaine régulation assurée par la PAC (politique agricole commune), c’est ce qui a contribué à réunir dans une même démarche – celle mise à l’honneur hier au Moulin Joseph Nicot de Chagny, « Agri-Ethique » – des agriculteurs locaux, des meuniers et de nombreuses boulangeries.

En quoi consiste cette dernière, amorcée en juin 2013 ? Pour Ludovic Brindejonc, il s’agit, avec elle, « de ne plus subir la volatilité des prix de cette matière première qu’est le blé ». Mais ce n’est pas que cela. C’est bien plus que cela : « Agri-Ethique, c’est une démarche solidaire qui s’adresse aux consommateurs. En achetant un produit issu de notre démarche, le citoyen participe au maintien de l’emploi dans la filière et permet à l’agriculteur de vivre de son travail. C’est un engagement gagnant-gagnant, du producteur au consommateur ». Pour Lionel Borey, Jean-Philippe Nicot, et la plupart des boulangers qu’Info-Chalon.com a interrogés, c’est également « une façon de reconstituer au niveau local ce qui existait naguère au niveau européen ». Pour tous ceux présents à Chagny hier, c’est surtout une démarche qui présente un quadruple intérêt, pour les agriculteurs, les meuniers, les boulangers et les consommateurs. En effet, les premiers se voient garantir l’achat de leur blé à un prix rémunérateur sur 3 ans, ce qui leur assure une certaine visibilité. Les deuxièmes, quant à eux, sécurisent une filière, leurs approvisionnements sur 3 ans. Les artisans-boulangers, de leur côté, peuvent délivrer un message à leurs clients, mettre en avant le caractère équitable du commerce dans lequel ils sont engagés, se démarquer des grandes surfaces qui, elles, jouent sur cette variable qu’est le prix unitaire de la baguette de pain standard pour fidéliser, du moins gagner des clients, au détriment des boulangeries traditionnelles. Une sorte de plus-value, d’argument de vente. Les consommateurs, enfin, peuvent avoir la satisfaction, en achetant leur pain, de contribuer à l’exécution d’un projet éthique et solidaire, celui consistant, en acceptant de payer un tout petit peu plus cher, de procurer des conditions de vie dignes à ces agriculteurs dont le nombre d’exploitations, en France, se réduit, année après année, comme peau de chagrin. Car, en dehors du souhait de beaucoup de clients de payer le moins cher possible, il existe chez de plus en plus de consommateurs actuels, tous les acteurs présents à Chagny l’ont souligné, un besoin de qualité et de diversité des produits tant en terme de goût que de forme, mais également de s’investir, même indirectement, par la consommation, dans une démarche humaine, solidaire, responsable, citoyenne. Besoin sur lequel repose largement la démarche.

Cette démarche est-elle LA bonne ? Une chose est sûre : elle semble constituer une réponse adéquate aux problématiques actuelles de la filière car, depuis son lancement, celle-ci réunit désormais localement 40 acteurs et…ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, comme en témoigne l’organisation de la journée qui s’est tenue hier à Chagny, qui visait principalement à faire connaître l’existence d’Agri-Ethique, pour fédérer encore, sous sa bannière, de plus en plus d’artisans-boulangers et d’acteurs de la filière.

Samuel Bon

 

Pour Jean-Yves Maillier, boulanger-pâtissier à Chagny (34, rue de la Boutière), qui a adhéré à la démarche en septembre 2016, celle-ci est une opportunité, même s'il lui reste encore à sensibiliser ses clients à cette dernière.

Pour Nicolas July, de la boulangerie-pâtisserie du Pont-Paron, à Saint-Rémy, la démarche Agri-Ethique est une "bonne démarche". Tellement bonne que, chaque jour, des temps sont prévus pour que ses vendeuses l'expliquent. Ce qui l'intéresse, lui, c'est d'abord "la solidarité avec les agriculteurs, qui peuvent bénéficier d'un prix rémunérateur pour leur travail". C'est aussi que "cette démarche favorise le "made in France", un argument qui lui tient à coeur. C'est, enfin, que "cette démarche est à même de satisfaire aux préocupations de ses clients, qui ne jurent pas que par le prix, de préférence peu élevé du pain, mais témoignent de leur volonté de manger bon et sain, de contribuer à un projet solidaire".