Cinéma

Une soirée de très haute tenue sur "Le Maître Stanley Kubrick"

Une soirée de très haute tenue sur "Le Maître Stanley Kubrick"

Réunis hier soir au cinéma Axel, membres de la Bobine et « kubrickistes » ont pu visionner Room 237*, documentaire sur le film Shining**, projeté sur grand écran en fin de soirée. Une soirée de très haute tenue sur « le Maître Stanley Kubrick ». Un moment de bonheur cinématographique.

Jean-Luc Chemorin, secrétaire de la Bobine, l’a rappelé dans ses brefs propos introductifs : « Stanley Kubrick ne laissait rien au hasard ». La couleur des murs…les motifs d’une moquette…la musique…Tout a un sens chez Kubrick, rare cinéaste à propos duquel on peut penser que le moindre plan est une expression artistique. Ce que n’était d’ailleurs pas sans suggérer le sous-titre de cette soirée consacrée au réalisateur d’Orange mécanique, Full Metal Jacket ou encore 2001 : l’Odyssée de l’espace.

Mais si tout a un sens chez le « Maître », reste encore à savoir lequel…C’est précisément le lièvre que soulevait, avec un certain brio, le documentaire Room 237, dans lequel, partant justement du principe selon lequel « le hasard n’existe pas » avec Kubrick, son réalisateur – Rodney Hascher – présente les différentes interprétations que d’aucuns seraient enclins à formuler à l’égard de Shining, film trop souvent classé – sans doute à tort – dans la catégorie « épouvante ».

Car cela devient évident une fois Room 237 visionné : ce long-métrage, basé sur un roman de Stephen King***, dont Kubrick s’émancipe dès les toutes premières secondes du film en faisant voyager Jack Torrance dans un coccinelle jaune – et non pas rouge comme chez King -, n’est pas un « banal » film d’horreur. C’est, plus sûrement, un trésor du 7ème art, renfermant plusieurs niveaux de lecture.

Maintenant, Kubrick a-t-il voulu faire un « film sur le génocide », comme certains le prétendent, non sans raisons, et de façon plutôt convaincante ? A-t-il plutôt voulu nous faire part d’un secret qui l’aurait rongé, à savoir – thèse pour le moins surprenante…- qu’il aurait tourné en studio, pour le compte du gouvernement américain, les images d’un faux alunissage d’Apollo 11

A vrai dire, difficile de se prononcer, même une fois le film revu sur grand écran, pur et rare moment de bonheur cinématographique dont les spectateurs ont été gratifiés hier soir. Une chose est sûre néanmoins : une fois Room 237 visionné, vous ne verrez plus jamais Shining de la même façon. C’est même là son principal intérêt.

Après, libre à vous de vous demander si un long-métrage nécessitant une « telle explication de texte » pour que se déploie l’étendue de sa force créatrice, n’est pas, quelque part, le signe que Kubrick, avec Shining, a, une fois n’est heureusement pas coutume, sacrifié la puissance évocatrice de son expression artistique sur l’autel d’un certain ésotérisme…

S.P.A.B.

 

*  De Rodney Hascher, 2012. Durée : 1h 42.

Bande-annonce : http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19509435&cfilm=206671.html

**1980. Durée : 2 h 26.

Bande-annonce : http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18782021&cfilm=863.html

***Le livre de poche, réédition 2007, 576 p.

Voir l’article d’Info-Chalon : http://www.info-chalon.com/articles/cinema/2013/10/13/2728-lundis-de-la-bobine-une-soiree-consacree-a-stanley-kubrick-cineaste-majeur-du-xxe-siecle.html