Cinéma

A montrer aux enfants : La reine des neiges

A montrer aux enfants : La reine des neiges

Comme chaque année ou presque, Disney nous propose un dessin animé. Cette année, il s’agit de La Reine des neiges*. Le sentiment d’Info-Chalon.

Les studios Disney sont-ils encore en phase avec leur époque ? Ont-ils compris que, depuis Blanche-neige et La Belle au bois Dormant**, le monde avait changé, que le rôle des femmes n’est plus seulement d’élever des gosses et de faire la popote pour le mari ? Quand on regarde les quinze premières minutes de La reine des neiges, c’est un peu ce que l’on se demande. Et, pour peu que l’on soit un peu chatouilleux sur le sujet, c’est le genre de question que l’on a envie d’aboyer aux scénaristes. Scénaristes que l’on a dès lors légèrement tendance à croire aussi crétins que peuvent l’être ces types « naturellement » enclin à utiliser des femmes à poil pour vendre un camion frigorifique***, un gel douche ou une voiture : les pubards. 

« Bande de phallocrates ! » C’est exactement ce que l’on a envie d’hurler à ceux qui, probablement, ne connaissent même pas l’excellente collection de livres pour enfants où, par exemple, les poules se révoltent pour obliger les coqs à faire le ménage****…

Fort heureusement, au bout de quinze minutes, le message varie sensiblement. L’image du prince charmant en prend un coup, celle du « coup de foudre » et du mariage aussi. On croise même une scène où une jeune femme, longtemps corsetée par les devoirs de sa charge et étouffée par son éducation, décide d’éclore, pour devenir la rose que son environnement cantonnait à demeurer bouton. Magnifique évocation de la libération des femmes ?

Quoi qu’il en soit, on ne pendra donc pas haut et court les scénaristes. D’autant plus que, contrairement à la tradition, ils vous suggèrent, tout à la fin du film, que l’apartheid social n’est pas une fatalité, et que les humains ne sont pas condamnés à vivre chacun de leur côté en fonction de leur statut économique et social. Les riches à Neuilly ou Vosne-Romanée, les pauvres ailleurs : loin des centres-villes de préférence. Le plus loin possible. Pour ne plus les voir. 

Après, c’est vrai, Disney, comme le dirait le marquis de Sade, devra encore faire un effort pour être complètement républicain. Ceci étant, c’est toujours mieux que de le voir promouvoir l’idée selon laquelle une femme ça aspire surtout à rencontrer un Prince charmant, se marier et lui donner beaucoup d’enfants. Et puis, lorsqu’il s’agit  de nous émerveiller à nos âges, il n’y a pas à dire, il sait encore y faire le Disney.

Sans doute à montrer aux enfants d’aujourd’hui, ces adultes de demain.

 

S.P.A.B.

 

* 1959. Durée : 1 h 15.

Bande-annonce : http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=2590.html

** 2013. Durée : 1 h 42.

Bande-annonce :  HYPERLINK "http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=203691.html" http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=203691.html 

*** Voir Charlie Hebdo du 11 décembre 2013.

****La révolte des cocottes. Editions Talents Hauts, 11,70 euros.

 HYPERLINK "http://www.talentshauts.fr/?p=catalogue1-1&book=140" http://www.talentshauts.fr/?p=catalogue1-1&book=140