Cinéma
"Suzanne", un cadeau de Noël de l'Axel aux spectateurs chalonnais
Publié le 23 Décembre 2013 à 13h04
Est-ce en raison de sa programmation durant l’ « happy hour » de l’Axel, cette amplitude horaire durant laquelle on peut aller au cinéma sans (trop) bourse délier ? Toujours est-il que ce dimanche 22 décembre 2013, la salle était pleine pour Suzanne*, le dernier long-métrage de Katell Quillévéré, dans les salles obscures depuis mercredi dernier. Le sentiment d’Info-Chalon.
Un film dans lequel joue Sara Forestier, l’actrice fétiche d’Abdellatif Kechiche – le réalisateur de La Vie d’Adèle** –, qui l’avait retenue pour donner la réplique au jeune Krimo dans L’esquive***, peut-il être un film décevant ? Si ceci peut arriver, ce n’est en tout cas pas en sortant de la projection de Suzanne qu’on se le dira. Au contraire, ce dernier film entérine plutôt l’idée selon laquelle on ne perd jamais son temps, ni même son argent, lorsque l’on se déplace pour voir un long-métrage où Sara Forestier est à l’affiche.
Ceci posé, pourquoi ne faut-il pas manquer de visionner le dernier film de Katell Quillévéré, réalisateur du très commenté Poison violent**** ? Pour la remarquable qualité du jeu des acteurs, qu’il s’agisse de Sara Forestier, de François Damiens ou d’Adèle Haenel ? Pour la magnifique photographie ? Pour l’histoire de cette famille s’étendant sur un peu plus de vingt années ? En réalité, pour un peu de tout cela. Mais pas que.
En fait, s’il faut aller voir ce film, c’est surtout pour ce qu’il dit des familles dont le niveau de vie est en général bas – prolétariennes –, malmenées par la vie. Familles auxquelles le film rend toute la dignité qui leur revient. Cette dignité que tendent à leur dénier les discours ambiants sur les pauvres, l’ « assistanat », les « cas soc’ ». Bref, cette expression actualisée du mépris de la classe dominante pour ceux qu’elle écrase impitoyablement. Avec Suzanne, le spectateur comprend qu’une jeune fille qui devient mère à 17 ans n’est pas forcement une traînée. Qu’un délinquant n’est pas forcément un camé prompt à tabasser tout ce qui bouge, et peut même s’avérer être un amant et un père aimant à « gueule d’ange » (Louis Guichard, Télérama). Qu’un routier peut effectivement être sympa.
Bref, s’il faut aller voir ce film, c’est surtout parce qu’il vérifie ce que George Orwell, peu de temps avant de caner des suites d’une pneumonie mal soignée, faisait dire au protagoniste de 1984 *****: « s’il y a un espoir, il réside chez les prolétaires ». Considération à méditer. Pourquoi pas pendant les fêtes de fin d’année ?
S.P.A.B
* 2013. Durée : 1 h 34.
Bande-annonce :
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19537931&cfilm=204062.html
** Voir l’article d’Info-Chalon :
*** 2004. Durée : 1 h 57.
Bande-annonce : http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18359059&cfilm=48230.html
**** 2010. Durée : 1 h 32.
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