Cinéma

Un drôle de vent souffle à l’Axel

Un drôle de vent souffle à l’Axel

Le vent se lève*, le nouveau film d’animation de Hayao Miyazaki, est actuellement programmé à l’Axel. Le sentiment d’Info-Chalon.

S’il concerne également le Japon des années 1930, Le vent se lève, de Hayao Miyazaki, n’a pas grand-chose à voir avec L’empire des sens**, de Nagisa Oshima. Le second, inspiré d'un fait divers authentique, sorte de sublimation de l’érotisme à travers la passion d’un couple - celui que forme une ancienne Geisha et son amant Kichizo - provoqua un vrai scandale en raison de son caractère pornographique. Ceci au point d’être censuré. Le premier, un film d’animation, ne suscite en revanche qu’enthousiasme et critique unanimement positive.

            A juste titre ? Disons-le tout de go, l’histoire de ce jeune homme, Jiro Horikoschi, inventeur du « bourreau de Pearl Harbor » (le fameux avion de chasse Zero) et qui, faute de pouvoir devenir aviateur en raison d’une mauvaise vue, sublime son désir de voler en s’absorbant totalement dans l’aéronautique, est prodigieusement passionnante. Et pas seulement parce qu’elle permet de découvrir comment une passion relativement saine à sa base peut déboucher sur un cimetière aussi marin que celui du poème*** dont un des vers - « Le vent se lève, il faut tenter de vivre » - a donné son titre au film.

            En effet, s’il faut voir ce que d’aucuns présentent sans doute à tort comme l’œuvre ultime du cinéaste japonais, c’est aussi pour son esthétique. Cette dernière, qui n’est pas sans rappeler - et pour cause ! – celle de Sherlock Holmes****, série télévisée supervisée par Hayao Miazaki, ne ravira pas que les trentenaires gagnés par une certaine forme de nostalgie pour les dessins animés de leur enfance.

Succession d’images somptueuses, Le vent se lève, œuvre noire et en même temps féérique, est tout simplement sublime et fera le bonheur des grands, comme des plus petits. Elle éclaire par ailleurs le spectateur sur la singularité du Japon, nation industrielle profondément marquée par son attachement à la Tradition.

            A voir sans modération.

 

S.P.A.B

 

* 2013. Durée : 2 h 06

Bande-annonce : http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18352274&cfilm=106082.html

** 1976. Durée : 1 h 50

Bande-annonce : http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18352274&cfilm=106082.html

*** « Le cimetière marin », poème de Paul Valéry, recueilli dans Charmes (1922)

**** http://www.dailymotion.com/video/xinkji_sherlock-holmes-01-les-quatre-signatures_creation