Cinéma

"Twelve years a slave" ou l'esclavage vu par un esclave

"Twelve years a slave" ou l'esclavage vu par un esclave

Après Hunger (2008)*, où il racontait la grève de la faim de Bobby Sands – militant de l’IRA – en prison, et après Shame (2011)**, où il montrait la destruction d’un homme par son obsession sexuelle, le réalisateur britannique Steve McQueen choisit d’aborder la question de l’esclavage avec Twelve Years a Slave***. Le sentiment d’Info-Chalon.

Dans les Etats Unis d’Amérique, au cours des années 1840, avant la guerre de Sécession (1861-1865), les personnes à la peau noire se divisaient en deux groupes : les citoyens libres et les esclaves. Pour celles qui étaient libres, les choses n’étaient pas toujours simples, et nombre d’entre elles ont été enlevées pour être vendues comme esclaves dans les Etats du Sud, les plus « consommateurs » d’esclaves du fait des différentes plantations qui s’y trouvaient (coton, canne à sucre). C’est ce qui est arrivé à Solomon Northup, un homme noir, libre, marié, père de deux enfants, violoniste et vivant à New York. Solomon Northup a connu douze ans d’esclavage. Il a publié son histoire en 1853 dans un livre intitulé Douze ans d’esclavage. C’est cette histoire que Steve McQueen a choisi de faire vivre aux spectateurs avec Twelve years a slave.                                                                                                

En filmant, non pas l’histoire d’un esclave mais celle d’un homme libre devenu esclave, Steve McQueen met le spectateur en condition pour que celui-ci s’identifie au personnage et ressente mieux ce qu’a pu être l’existence d’un esclave noir sur le « nouveau continent » au 19ème siècle.

Esclaves d’intérieur, esclaves agricoles, esclaves sexuels,… leurs corps ne leur appartenaient plus, ils appartenaient à un « maître », qui avait tous les droits sur eux.

Si contrairement à Django Unchained, de Quentin Tarantino****, Twelve years a slave ne montre pas de combat d’hommes noirs jusqu’à ce que mort s’ensuive ou le droit à disposer de son esclave jusqu’à le faire dévorer vivant par des chiens, il n’en oublie pas pour autant de suggérer ou de mettre en image la violence, physique ou psychologique, infligée aux esclaves : privation de nom, d’objets personnels, séparation des familles, fouet, violences sexuelles, négation de toute intelligence ou humanité, menace de mort, pendaison, etc. Violence qui varie selon le propriétaire, du plus indifférent au plus pervers.

Celui qui ne se représentait pas encore vraiment ce qu’a pu être cet esclavage américain, ne perdra donc pas son temps à aller voir Twelve years a slave, qui fait vivre au plus près la condition de ces esclaves. Fort est à parier qu’il ne sera pas non plus insensible au fait que, comme une victime de harcèlement se sent coupable de ce qu’elle a subit, l’esclave se sent coupable d’avoir été sous le joug d’un « maître ».

A voir à l’Axel en ce moment.

M.B.

* 2008. Durée : 1 h 40

Bande-annonce :

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18844351&cfilm=115096.html

** 2011. Durée : 1 h 39

Bande-annonce :

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19261921&cfilm=185457.html

*** 2013. Durée : 2 h 13

Bande-annonce :

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19538046&cfilm=196885.html

****2013. Durée : 2 h 44

Bande-annonce :

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19353314&cfilm=190918.html