Cinéma

Johnny était attendu comme le Messie à Beaune à la faveur du festival du film policier

Johnny était attendu comme le Messie à Beaune à la faveur du festival du film policier

Toutes proportions gardées, on se serait pour un peu cru à Cannes mercredi en fin d’après-midi à Beaune, pour la mise sur orbite du 6ème festival international du film policier (jusqu’au dimanche 6 avril). Des arrivées au compte-gouttes, des vedettes en veux-tu en voilà pour fouler le fameux tapis rouge, un gros public venu pour s’en mettre plein la vue, une effervescence médiatique, il y avait tout pour que le « voyeur » lambda se sente sur une planète peuplée d’extraterrestres. Avec en figure de proue un Johnny Hallyday toujours au faîte de sa gloire.

Le tour de force des grosses cylindrées

Et pourtant, ce n’était pas la rock star, la bête de scène que les Beaunois attendaient officiellement avec ferveur. Mais le comédien aux soixante ans de carrière (de 1954 à 2014), voire Dieu le Père, l’amalgame étant on ne peut plus facile. Biker patenté, l’éternelle idole des jeunes n’aura pas laissé dans l’indifférence les motards de trois «chapelles » se consacrant au culte de la Harley-Davidson (Franche-Comté Chapter, Bourgogne Chapter, et Contrée des Ducs de Dijon) venus pour communier visuellement, spirituellement, musicalement (tous tubes dehors estampillés Johnny) avec le héros du jour. Bruyamment aussi, quand l’acteur-rocker a débarqué au milieu de cette haie d’honneur pétaradant à qui mieux mieux ! La Chalonnaise Mademoiselle Papillon quant à elle ajoutait sa touche personnelle en posant sur les gros cubes, démasculinisant un ensemble comportant déjà quelques représentants de la gent féminine. Sur le tapis rouge les attentifs observateurs ont pu scruter au gré des passages Anne Parillaud, Cédric Klapisch, François Berléand, Marc Lavoine (liste non exhaustive)...  

 

Johnny-Lelouch, le ticket gagnant

Hors concours, le 44ème film de Claude Lelouch « Salaud on t’aime » (certaines scènes ont été tournées à Beaune), dont on marquait la sortie nationale ce 2 avril, a eu son heure de gloire au Cap Cinéma, lieu attitré du festival. De même qu’un hommage emprunté à la filmographie de Jean-Philippe Smet, alias qui vous savez.  Une partie des composantes du film (Irène Jacob, Pauline Lefèvre, Isabelle de Hertogh) étaient présentes au lancement des opérations, tandis qu’Eddy Mitchell et Sandrine Bonnaire étaient, eux, retenus par le théâtre. Après l’entrée en matière due à Lionel Chouchan (fondateur et organisateur du festival) ainsi qu’au député-maire de Beaune Alain Suguenot, la parole appartenait au duo Lelouch-Johnny. Le premier n’a pas caché l’admiration qu’il éprouve pour, en la circonstance, celui qui occupe le rôle principal dans son film. « J’ai filmé plus l’homme que l’idole. Ce soir j’ai envie de lui dire : Salaud, je t’aime très, très fort. C’est un mec qui a un cœur gros comme ça, il a décidé de verser l’intégralité de son cachet à une organisation humanitaire au Vietnam. » Au sujet de son 44ème opus, le réalisateur l’annonce comme « un film d’amour plein de surprises et de rebondissements. » Johnny, lui, a en particulier rendu la pareille à son mentor en s’adressant à la salle : « C’est un honneur que vous me faites ce soir. Vous allez voir un film que j’aime beaucoup.  Travailler avec Claude Lelouch c’est tout à fait spécial, il est aux petits soins pour vous comme un papa. Je remercie Claude de m’avoir choisi pour ce rôle. »

                                                                                                       Michel Poiriault