Cinéma

TRASH était diffusé à l'Axel .. suivi d'un débat avec les services du Grand Chalon

TRASH était diffusé à l'Axel .. suivi d'un débat avec les services du Grand Chalon

TRASH, c’est le bruit des camions qui vont et viennent décharger les déchets qui déferlent et dévalent les pentes et les déchets s’amoncellent et la colline grimpe et elle dépasse les collines avoisinantes. Trash, ce sont les mouettes qui grapillent leur pitance et qui se prennent les pattes dans les hameçons ou les colles chimiques. Trash, ce sont les fûts toxiques que l’on enfouit ici et là malgré l’interdit, ce sont les hydrocarbures déversés à flots, c’est le jus de décharge qui coule sous et de la masse de déchets écrasés, ce sont les sachets de nourriture intacts, les cercueils en fin de concession, les conserves qu’il trouve et bouffe à dégoût. Et la pluie qui tombe. Et les arbres qui meurent. Et le jus noir qui se glisse insidieusement dans la rivière sauvage et coule vers la mer à quelques kilomètres de là.

Trash, c’est le combat d’un vieil homme qui aime les arbres et l’eau pure. C’est celui du cinéaste qui se lance dans le film et s’élance à l’assaut de la colline-décharge. C’est celui du maire de la ville voisine qui lutte pour que la décharge à ciel ouvert soit fermée.

C’est l’image emblématique du sac en plastique biodégradable, jeté aux poubelles, sur lequel est inscrit : "la nature vous dit merci."
"Celui qui lutte peut perdre le combat mais celui qui ne lutte pas a perdu d’avance." Bertolt Brecht.

Martin Esposito signe là un film choc magistral, aux images insoutenables, dont voici le synopsis :

Martin revient sur les lieux de son enfance. Ces lieux sont maintenant ensevelis sous une gigantesque décharge à ciel ouvert. Seule sa cabane est toujours là maintenant à la lisière de la décharge. Il décide de s'y installer et de vivre pendant 2 ans dans ce monde fait d'ordures et rythmé par le va-et-vient incessant des camions et bulldozers qui déchargent et nivellent les déchets. Petit à petit les employés de la décharge se familiarisent avec sa présence et lui révèlent les secrets de cette "zone" : l'endroit de l'enfouissement des fûts d'arsenic, le trajet du lixiviat (jus de décharge), poison mortel qui s'écoule à travers une rivière sauvage et foisonnante jusqu'à la mer…

Ce film montre la réalité de "La Glacière", une immense décharge à ciel ouvert située au bord de la Côte d’Azur à Villeneuve -Loubet. Il a été présenté au festival de Cannes en 2013.

Martin tient son journal avec des phrases qui se veulent clés mais qui frisent parfois le cliché : c’est la réalité, la vraie ; c’est la faute de la ménagère qui ne fait pas le tri ; etc.  

 

Ce film était présenté par ACTE en partenariat avec le cinéma Axel. Il était suivi d’un débat en compagnie de Maxime Dufour, directeur adjoint de la Direction Gestion des déchets, et Isabelle Rieutort, responsable du service tri et prévention des déchets, de la Direction Gestion des déchets du Grand Chalon.

Tous deux insistent sur la prévention et sur le pli à prendre du tri des déchets à domicile. Des mesures ont été prises en ce sens. Il existe divers lieux qui accueillent les déchets, les bacs publics pour le papier, le verre et le plastic, la déchetterie, le point déchets toxiques, les piles. Les habitants prennent l’habitude, mais un effort est encore à faire en ce sens.

Faire le tri ne diminue pas la quantité de déchets mais répartit cette quantité et permet le recyclage, et par là une certaine réduction de la consommation. Un programme de réduction du gaspillage alimentaire a été mené.

Des actions pour le compostage, également. Un effort est à faire en ce sens et sera sous la responsabilité des habitants. Par exemple, dans un immeuble, les gens peuvent trier les déchets ménagers pour le compostage, sous la responsabilité de quelques-uns. Cela crée du lien social, cela responsabilise les gens. Un collectage est organisé par le Grand Chalon pour récupérer ces déchets à compost.

La Direction Gestion des déchets réfléchit à des mesures de réduction de la masse de déchets. Cela nécessite un changement des habitudes et du mode de consommation.

Ces mesures et ces actions demandent aux habitants d’être acteurs de leur ville et actifs. Cela se fait en partenariat avec Active, ACTE, Emmaüs, les régies de quartier. Des actions sont menées dans le scolaire en partenariat avec le service environnement de la Ville de Chalon.

Mais le problème des déchets reste d’actualité et devient une question cruciale dans le monde. On connaît les îles-déchets en face de la ville de New York, les îles de sacs plastiques flottant au milieu de l’océan, les filets abandonnés dans lesquels se prennent les mammifères marins, les déchets nucléaires, les hydrocarbures, les pesticides etc.

Cela pose la question : comment vivons-nous ? Comment est-ce qu’on se prépare son café/thé, et quel café/thé ? Comment faisons-nous nos courses, dans une grande surface, en gros, en quantité, chez le marchand du marché ou à l’épicerie du quartier ? Achetons-nous des produits frais de saison, importés de loin à bas prix, produits de la région ? Que deviennent les aliments dont la date est près d’être périmés ? Combien de fois changeons-nous de matériel informatique ? Que faisons-nous de l’ancien, de l’abîmé, de l’usé ? On répare ou on jette ? On use jusqu’au bout ou on change chaque année ? Car tout cela devient un jour déchet…


Bon ne déprimons pas. La décharge à ciel ouvert de Villeneuve a été fermée, après 10 ans de combat par les habitants et le maire de Villeneuve près de Cannes.

L’année suivante, une 2e a été ouverte à 2km de là pour un calibre de 25 millions de tonnes de déchets.

Si nos choix ne sont pas toujours respectés, si nos voix de combat ne sont pas vraiment entendues, si nos efforts au quotidien pour le tri et la responsabilité sont souvent bafoués de cette manière, c’est que certains politiciens et patrons n’ont pas compris notre désir d’améliorer les choses. C’est qu’il y a encore des efforts à faire pour changer la manière d’être et surtout pour transformer le système qui crée cela. Prochaine révolution ?

Cette image du film, le vieil homme montre deux feuilles d'arbres: "la nature fait bien les choses, dit-il, 5 feuilles chaque fois, mais nous... regarde derrière ces arbres, il y a la colline de décharge..."

ACTE : Association chalonnaise pour la transition énergétique, écologique et citoyenne.

Tel : 03 85 93 57 54

Mél : [email protected]

 

S.B.