Cinéma

CINEMA A CHALON - Petit détour par l'Asie avec Black Coal Thin Ice pour les Jeudis de la Bobine

CINEMA A CHALON - Petit détour par l'Asie avec Black Coal Thin Ice pour les Jeudis de la Bobine

Pour ce jeudi de l’Ascension, la Bobine, en partenariat avec l’Axel, avait choisi de faire un petit détour par l’Asie, en projetant Black coal, thin ice [1], long-métrage du réalisateur chinois Diao Yinan. Le sentiment d’Info-Chalon.

Ce qu’il y a de bien avec les films projetés lors des jeudis soirs de la Bobine, c’est que le cinéphile en a toujours pour son argent. En effet, outre que ce dernier est quasi assuré de passer un véritable moment de cinéma, il bénéficie généralement d’une mise en perspective de qualité, prodiguée par l’un des membres du conseil d’administration de cette association, fondée il y a déjà vingt-cinq ans.

 

Jeudi dernier, c’est Edgard Virlogeux, le « sinologue » de la bande, qui s’est attelé à la tâche. Très en verve, facétieux, celui-ci a exposé avec humour les mécanismes de la censure, actuellement à l’œuvre au sein de l’ « Empire du Milieu », depuis que celui-ci est tombé entre les mains des successeurs de Mao et Deng Xiaoping. Il a ensuite détaillé les nombreuses tentatives du réalisateur de Black coal, thin ice d’y échapper. C’est ainsi qu’il a précisé que s’il lui était arrivé de passer le cap de la censure a priori (celle qui sévit avant même la réalisation du film), Diao Yinan n’a jamais véritablement pu franchir celle intervenant une fois le film prêt à être distribué dans les salles obscures chinoises : la censure a posteriori. Ce qui a mécaniquement condamné ses films à ne jamais se trouver à l’affiche dans les cinémas chinois. Ou alors très peu de temps.

 

Pour le plus grand malheur du réalisateur ? Peut-être pas. En effet, si Diao Yinan n’a pas encore eu la chance d’être prophète en son propre pays, son dernier travail, récompensé cette année par l’Ours d’or du meilleur film à Berlin et par le prix de la critique au festival policier de Beaune, a depuis lors été remarqué.

 

A juste titre ? A vrai dire, il suffit de visionner Black coal, thin ice, pour se dire que les réalisations de Diao Yinan gagneraient à être connues, en Chine comme dans le reste du monde. En effet, par-delà sa nature de film policier, de « polar à la sauce mandarine » [2], le long-métrage projeté jeudi à l’Axel, qui bénéficie d’une mise en scène « d’une puissance et d’une netteté » [2] saisissante, donne à voir la Chine comme on ne la voit peut-être pas assez : écartelée « entre la déréliction du communisme et les ravages du libéralisme » [2]. Une Chine qui, finalement, n’est pas sans points communs avec nos sociétés occidentales, de plus en plus désenchantées, anomiques. C’est d’ailleurs l’un des nombreux intérêts de ce film que de nous le suggérer.

 

Bref, à voir dès la première occasion, si vous n’étiez pas à l’Axel jeudi soir dernier.

 

S.P.A.B.

 

[1] 2014. Durée : 1 h 46

Bande-annonce :

[2] Fiche de présentation distribuée par la Bobine.