Cinéma

En ce moment à l’Axel à Chalon : Gemma Bovery, avec Fabrice Luchini

En ce moment à l’Axel à Chalon : Gemma Bovery, avec Fabrice Luchini

Dans les salles obscures depuis peu, Gemma Bovery [1], d’Anne Fontaine, est actuellement à l’affiche à L’axel. Le sentiment d’Info-Chalon.

Fabrice Luchini, au fond, c’est un peu comme Arnaud Montebourg, lui-même un peu comme Claude François, dixit son récent biographe Valentin Spitz: « Il est aimé ou détesté » [2]. Et cet effet clivant n’est pas sans incidence, loin s’en faut, sur l’opinion que l’on se fait des films dans lesquels il joue et que, généralement, on aime ou…déteste.

Pour ce qui me concerne, je n’ai jamais trouvé un mot plus haut qu’un autre à prononcer contre lui. Et d’autant moins que ses lectures de Céline, Lafontaine, Nietzsche, Muray, Péguy et Baudelaire, lors de spectacle à me couper le souffle, m’ont toujours transporté, en plus de m’avoir fait découvrir et aimer la littérature. Aussi, quand j’ai appris qu’il jouait dans Gemma Bovery, me suis-je naturellement précipité à l’Axel pour voir ce dernier.

Bonne pioche ? Il faut en convenir : celui qui ne peut encadrer Luchini continuera de ne pas le saquer une fois vu ce film. En effet, Luchini, s’il n’est pas à fond cette fois-ci, c'est-à-dire déchaîné, fait tout de même du Luchini. Aussi, toute personne habituellement excédée par le jeu de cet acteur aura-t-elle l’impression de s’être infligée une cruelle punition, bref d’avoir viré masochiste. En revanche, tous ceux jubilant devant cette espèce de « personnage à la fois bonhomme et méchant, cynique et bienveillant » [3] qui est un peu sa marque de fabrique,  en auront-ils pour leur argent. Pour le dire autrement, pas sûr que ce long-métrage d’Anne Fontaine soit du goût de tous. Et ceci, vous l’aurez compris, pour des raisons tenant essentiellement à l’homme choisi pour jouer le rôle du personnage principal, un boulanger qui, « comme un tas de parisiens aussi cons que [lui] », a quitté Paris pour vivre dans un bled paumé de Normandie, croyant « y trouver l’équilibre et la tranquillité », et trompant son ennui en se mêlant des affaires de cul de ses voisins britanniques.

Ceci posé, y a-t-il quelque chose qui, dans ce film, soit de nature à ravir tout spectateur capable de passer outre sa luchinophobie ? Pour être franc, si l’histoire, adapté d’un roman graphique de Posy Simmonds, n’est pas dénuée d’intérêt, et si l’on rit souvent de bon cœur devant certaines situations cocasses, générées par des personnages caricaturaux, frisant le grotesque, une chose est néanmoins sûre : Gemma Bovery n’est pas, loin s’en faut, le film du siècle. Et d’autant moins que, lorsqu’on prend la peine de s’interroger un tant soit peu, on peine à voir la finalité poursuivie par la réalisatrice, ce qu’elle aurait pu chercher à nous faire entrevoir.

Bref, un film pour rien ? Ceci, c’est sans doute à vous de le dire.

 

S.P.A.B.

 

[1] 2014. Durée : 1 h 35.

Bande-annonce : http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19547345&cfilm=219715.html

[2] Valentin Spitz, Montebourg. Moi, président…, L’archipel, 2014, p 10, 20 euros

[3] Romain Blondeau, Les Inrockuptibles, 10.09.2014, p 32