Faits divers

TRIBUNAL CHALON - « on allait discuter pour qu’il s’arrête de parler »

TRIBUNAL CHALON - « on allait discuter pour qu’il s’arrête de parler »

« On allait discuter pour qu’il s’arrête de parler » dit l’un des fils. Cette phrase dit tout de l’intention réelle des trois fauteurs (« discuter ») et du vice caché qui n’a pas manqué de faire dégénérer la situation (« pour qu’il s’arrête de parler »).

« Il » ? Le nouveau copain de l’ex-compagne du monsieur. Un gitan de bientôt 60 ans, père de 17 enfants issus de 7 mères différentes, mais qui, séparé de Corinne, n’a pas voulu la chasser de son terrain, lui laissant le temps de se retourner. La belle n’a pas peur de la provoc, et reçoit le nouvel élu régulièrement, attisant les passions de part et d’autre. Le patriarche n’a plus supporté que le nouveau « parle sur lui », et la semaine dernière, après un apéro très copieux, il embarque deux de ses fils pour mettre un terme, non à la situation, puisque la dame campe toujours sur son terrain en Bresse, mais au moins aux discours fleuris et aux provocations verbales.

Il était minuit et quart à Sornay quand les gars sont arrivés sur le site d’une entreprise qui emploie le nouvel amour, et aussi l’un des fils du gitan. Il n’a pas fallu longtemps pour que ça parte en rixe. L’arcade du nouveau en garde quelques points de suture.

Qui a fait quoi ? Qui a attaqué le premier ? Qui a porté des coups ? Ont-ils fait usage d’un poing américain ? « Non, j’ai frappé alors que je portais deux bagues, ce sont elles qui l’ont blessé, il voulait frapper mon frère », dit David, 26 ans, qui s’est rapproché tardivement de son père. « Je ne l’ai pas frappé, je voulais juste qu’il ferme sa bouche. Il y a beaucoup de mensonges dans cette affaire. », débite le patriarche. Le plus jeune fils soutient que Micka l’a attrapé par son tee-shirt, ouvrant ainsi le bal.

« Préméditation », affirme la procureur, « et risque de réitération ». Elle requiert 3 ans de prison chacun dont 18 mois avec sursis et des suivis mise à l’épreuve, avec le maintien en détention… Choc. Le parquet s’appuie également sur une convocation à venir : la dame a porté plainte pour violences contre son ancien amour… ça sent le roussi.

Mais un chœur d’avocats s’élève et plante la scène dans un contexte plus large et plus éclairant, « un contexte malsain », plaide Laurence Grenier-Guignard.

« Aujourd’hui Micka n’est pas là, et Corinne apparaît comme victime mais elle reste sur le terrain. Tout cela est-il cohérent ? Peut-on écouter et donner un peu de crédit à ce que disent ces trois-là ? Si les forces publiques jouaient leur rôle à plein, et avaient fait qu’elle quitte le terrain au lieu de demander à monsieur de faire un effort pour l’héberger encore, tout cela ne serait pas arrivé. », développe Malinka Trajkovski. « S’il y avait préméditation, on aurait affaire au plan le moins réfléchi du monde : aller frapper quelqu’un sur son lieu de travail !? » conclut Maître Ronfard.

On apprend que Micka est en réalité un cousin : la tambouille familiale tourne à plein régime.

 

Le tribunal condamne le fils le plus jeune à 12 mois de prison, dont 8 mois avec sursis et un suivi mise à l’épreuve (SME) de 2 ans. David et son père, eux, sont condamnés à 18 mois de prison dont 12 mois avec sursis assortis d’un SME de 2 ans. Obligation de soins (alcool), de travailler, interdiction de tout contact avec la victime, et interdiction de porter des armes, pour tout le monde.

David a eu 6 mois parce qu’il est en état de récidive légale, pour des violences. Il a pris son visage dans ses mains : les réquisitions lui ont fait peur, il se croyait déjà en prison.

Quant au patriarche, 6 mois aussi, car « vous avez une part de responsabilité morale d’avoir entraîné vos fils, monsieur », lui explique le président.

 

Florence Saint-Arroman