Côte chalonnnaise

L’installation rêvée à Buxy

L’installation rêvée à Buxy

Tout juste installé à Laives, Hugues Perrousset vit un rêve. Avec l’aide de la cave coopérative de Buxy, le jeune homme de 20 ans vient de reprendre 7 ha de vignes en appellations sur la Côte Chalonnaise.

« Je venais de commencer à rechercher. Reprendre autant de vignes en une fois, c’est exceptionnel », sourit encore Hugues Perrousset. Une chance qui ne doit pourtant rien au hasard. C’est son père, Jean-Paul, qui a repéré le premier l’annonce sur le panneau d’affichage à la cave de Buxy lors de la signature de la déclaration de récolte 2014. Le viticulteur exploitant ses vignes en AOC Givry, Mercurey et Bourgogne Côte Chalonnaise est alors engagé à la cave. Suite à l’annonce de la cessation d’activité de l’ancien exploitant, la coopérative avait communiqué dans sa lettre interne. « Nous n’avons pas eu tellement de demandes. On avait alors fait quatre lots », se souvient François Legros, le président de la cave des Vignerons de Buxy.
Avec son BTS (Belleville) et un travail en alternance au Domaine Bachelet, ce fils de vigneron voit là l’occasion de s’installer et rejoindre l’EARL de ses parents. Le Domaine familial passerait ainsi à 21 ha et s’enrichirait d’appellations communales qui lui manquaient. Les démarches sont lancées.

Bien conseillé

Ils sont accompagnés par la cave sur le terrain pour faire d’abord un état des lieux des vignes. Les parcelles sont éloignées du siège d’exploitation. « Personne ne m’a caché la vérité. Ça fait des kilomètres et il y a besoin d’une remise en état. J’ai regardé si elles étaient mécanisables et il faudra l’an prochain refaire des plantations et palissages », se projette déjà Hugues. La responsable "Vignoble et Environnement", Emilie Bouvret lui conseille la première année d’assurer le palissage, le rebrochage… « mais de ne pas tout faire d’un coup ». Elle met en place un plan sur cinq ans. Ainsi bien conseillé, il programme donc des investissements matériels (enjambeur…) et envisage même à terme un local sur Givry pour éviter des déplacements coûteux en terme d’argent et de temps. Les terres « à planter » attendront de voir comment se déroulent les prochaines campagnes.

Aidé par la cave

Avec toutes ses cartes en main, Hugues a bâti son PDE (plan de développement de l’Exploitation) pour les cinq prochaines années. Il est aussi aller rencontrer les trois propriétaires pour les fermages. Il a fait les démarches administratives obligatoires : demandes d’exploiter, signature des baux… Le 4e lot est d’ailleurs la propriété de la cave. Il s’agit d’une parcelle de 1.75 ha en AOC Mercurey, dont 0.25 ha reste à planter. « Ce n’est pas notre rôle de la garder », explique François Legros. Dans les années 1990, la cave de Buxy avait déjà créé une SCI et signé des baux emphytéotiques sur 30 ans concernant une cinquantaine d’hectares. Il ré-explique la volonté de la coopérative : « on fait vraiment du portage de foncier ».
L’aide à l’installation aux jeunes coopérateurs ne s’arrête pas là. La cave propose pendant cinq ans des avances de paiement sur récoltes estimées. A hauteur de 25% d’avance « sans intérêt » la première année après la déclaration de récoltes. Une sécurité de revenus qu’apprécie forcément son banquier qui lui a accordé le prêt financier dernièrement.

Donner des idées à d’autres

C’est « pour faire parler de ce bel exemple et donner des idées à d’autres » que la cave a suggéré à Hugues de se présenter au concours 2015 organisé par les Vignerons coopérateurs de France sur l’installation, dont Marie-Odile Sorlier, déléguée générale de la Fédération des Caves coopératives de Bourgogne-Jura (FCCBJ) a la charge de promouvoir pour sa région. Deux autres caves de l'Yonne et de la Côte d'Or ont d'ailleurs déposé un dossier.
Elle ajoute que la coopération veut faire valoir son modèle et ses métiers. Les élus de la FCCBJ vont ainsi les promouvoir dans les collèges et lycées de la région. « C’est un choix de vie qui permet de s’impliquer dans un outil collectif et aussi dans des structures à côté (ODG, Mairie…) », note Rémi Marlin, le directeur de la cave de Buxy. Hugues Perrousset le sait, lui qui fait déjà partie du groupe Jeunes et suivra une formation pour devenir administrateur stagiaire. « Cela me permet d’échanger et de m’investir dans la vie de la cave. La vente de "mes" vins lors de Salons me fait également du bien » pour sa reconnaissance professionnelle, tout en gardant le contrôle de sa vie personnelle. Un bel équilibre pour lui qui en rêvait.


Cédric Michelin - L'Exploitant Agricole de Saône et Loire