Chalon sur Saône

80 ans de la Rafle du Vél d'Hiv : à Chalon-sur-Saône, une cérémonie émouvante qui rappelle que «nous n'avons pas fini avec l’antisémitisme»

Par Karim BOUAKLINE-VENEGAS AL GHARNATI

Publié le 18 Juillet 2022 à 06h00

80 ans de la Rafle du Vél d'Hiv : à Chalon-sur-Saône, une cérémonie émouvante qui rappelle que «nous n'avons pas fini avec l’antisémitisme»

Ce dimanche a été marqué par les commémorations célébrant le 80ème anniversaire de la Rafle du Vél d’Hiv, une plaie toujours vive dans l'Histoire de France. Plus de détails avec Info Chalon.

«16 juilet 1942 : Il est 4 heures du matin. Ils sont venus nous chercher. Je vous dis adieu...»

«16 juillet 1942 : Je te fais écrire ces mots. La Police est venue nous arrêter avec tous les Juifs habitant la maison. On nous a enlevés moi et mes deux enfants. Je t'écris pour te dire que nous allons être transportés au Vél d'Hiv»

Ces deux mots griffonés à la hâte ont été écrits aux aurores d'une tragédie, au petit matin d'une journée douloureusement inscrite dans notre Histoire, «comme une plaie vive dans notre mémoire nationale», rappele Serge Rosinoff, le président de la Communauté israélite de Chalon-sur-Saône et conseiller municipal chargé de mission Mémoire et monde patriotique.

Ces mots sont ceux d'une adolescente de 16 ans et d'une mère de deux enfants.

Simples et terribles, ces mots écrits dans la précipitation de l'arrestation, «dans la confusion de l'incompréhension», disent ce que fut la Rafle du Vél d'Hiv : «l'irréparable commis par l'État français contre des femmes, des hommes et des enfants qui avaient fait confiance à la Patrie des Droits de l'Homme».

«Il y a 80 ans, la Police française déclenchait, sur ordre de l'occupant, l'opération "Vent du Printemps", nom à la consonnance poétique et abjecte, et arrêtait 13 152 Juifs de France, parmi lesquels 4000 enfants et les acheminait vers le Vél d'Hiv où ils furent internés avant d'être finalement déportés à Auschwitz», poursuit Serge Rosinoff.

​Dimanche 17 juillet 2022, Chalon-sur-Saône a commémoré les 80 ans de la Rafle du Vél d’Hiv. Pour ce faire, une cérémonie à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites et des Justes parmi les nations a eu lieu au Monument Résistance-Déportation, Rue Maréchal de Lattre de Tassigny, à 11 heures.

Une cérémonie qui a débuté avec la diffusion de  «Nuit et Brouillard» de Jean Ferrat.

«Sur la médaille des Justes attribués par l'État d'Israël figure une citation du Talmud qui leur convient parfaitement : quiconque sauve une vie, sauve l'Univers tout entier. Enfin, je tiens à vous rendre hommage. Vous dont la présence à cette cérémonie est plus que jamais essentielle. C'est grâce à votre implication que nous pouvons , tous ensemble, redonner vie, le temps de cette commémoration, aux millions d'âmes des victimes de la Shoah et plus particulièrement à ces milliers d'existences brisées par cette terrible Rafle du Vél d'Hiv».

C'est par ces mots que le président de la Communauté israélite conclut son discours avant de laisser place au maire de Chalon-sur-Saône, Gilles Platret, qui a rappelé que les jeunes sapeurs-pompiers et le Conseil municipal des enfants ont rencontré, il y a tout juste un mois, Ginette Kolinka qui fait partie des derniers survivants de la Shoah capables de transmettre ce que fut l'expérience des camps de la mort. 

Le maire a aussi tenu à rappeler que le 25 juin 2022, une plaque en l'honneur d'Ester Grunberger a été inaugurée à Cersot. Cette fillette de deux ans et demi, belge de confession juive, a tuée le 20 août 1942 par la patrouille allemande lors du passage clandestin avec ses parents. Ses parents seront déportés à Birkenau où ils trouveront la mort.

Ensuite, le sous-préfet de l'arrondissement de Chalon-sur-Saône, Olivier Tainturier, a lu le message de Patricia Mirallès, le secrétaire d'État chargée des anciens combattants et de la Mémoire.

La soprano Marie-Odile Morin-Léger a, pour sa part, interprété «Jérusalem en or», le chant final du film «La Liste de Schindler» de Steven Spielberg.

Une interprétation suivie par les dépôts de gerbes commémoratives des associations patriotiques, des autorités civiles et militaires, la sonnerie aux Morts, la minute de silence, l'hymne nationale et l'honneur aux autorités et portes-drapeaux qui étaient sous la houlette de Marcel Landré, vice-président de l'Union Nationale des Parachutistes (UNP) — section 712 Guy de Combaud-Roquebrune  —.

Étaient également présents aux côtés du maire, du sous-préfet et du président de la Communauté israélite de Chalon-sur-Saône, le sénateur de Saône-et-Loire, Marie Mercier, la conseillère régionale, Francine Chopard, représentant Marie-Guite Dufay, présidente du Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté, la conseillère départementale, Françoise Vaillant, représentant André Accary, président du Conseil départemental de Saône-et-Loire, et le conseiller communautaire, Pascal Boulling, représentant le président du Grand Chalon, Sébastien Martin.

 

Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati