Faits divers

Injure raciste pour une place de parking

Un sexagénaire du Creusot a comparu ce vendredi au tribunal correctionnel pour menace de mort réitérée et « injure non publique en raison de l’origine l’ethnie, la nation, la race ou la religion ». Il a été condamné à une peine d’amende et à indemniser sa victime.


« Le tribunal espère vivement ne plus avoir à rejuger de telles affaires …» Ce vendredi, jour de collégiale, mais transformé pour le temps de ce  cas en tribunal à juge unique, la présidente Therme ne cache pas son regret et son agacement d’avoir à statuer sur un cas d’injure raciste. Tout ça pour un conflit de voisinage, lié à une place de parking, exemple de petits problèmes quotidiens qui parfois créent des comportements exacerbés chez certains de nos concitoyens.

Le 10 juin dernier, Daniel, un retraité s’emporte une nouvelle fois contre son voisin, Karim. Il va sonner à sa porte et tient des propos, peu cordiaux, sinon discriminatoires. La discussion s’éternise, il s’énerve : « Je vais te zigouiller. Sale bougnoule (bis) ».

Daniel reconnait les insultes à l’égard de Karim, avec des nuances – « j’ai pas dit sale bougnoule, j’ai dit sale arabe » - mais pas les menaces de mort (qui sont plus lourdement sanctionnées par le code pénal, NDLR). Ce que Karim, présent à l’audience, conteste à la barre. « J’étais en colère, il m’a tutoyé pendant toute la conversation, j’ai trouvé qu’il ne me respectait pas,  je n’ai pas supporté » reconnaît Daniel.

Dans un écrit, la copine de Karim témoigne de sa crainte de voir la conversation entre les deux voisins passer de la confrontation verbale à la confrontation physique. Depuis cette dispute de juin, et la plainte de Karim, le couple n’est pas très rassuré à l’idée de croiser Daniel. D’autant plus que des mains courantes et quelques témoignages attestent que Daniel est assez enclin à stigmatiser une certaine partie de la population française dans ses propos…

Me Pépin, l’avocate de Karim, raconte la gêne récurrente de place de parking de son client, que ce dernier a tenté de régler avec la mairie du Creusot. Elle ne croit pas à la bonne volonté du prévenu. « Il nous dit, « je ne recommencerai plus », mais s’il arrive à ce type de comportement pour une place de parking, c’est inquiétant. Mon client a été très choqué par les faits qui se sont soldés par des menaces de mort ». L’avocate demande 3000 € pour le préjudice moral (1500 € pour les injures racistes, 1500 € pour les menaces de mort), le remboursement des frais de justice.

Pour le parquet, « on n’a pas envie de voir ce type d’affaires dans cette juridiction ». Et de requérir une amende de 300 € à l’encontre du prévenu pour l’injure qu’il reconnaît.

Le tribunal a finalement condamné Daniel à 300€ d’amende,  pour injure non publique à caractère raciste. Il a été relaxé pour le chef d’accusation des « menaces de mort réitérées », la répétition de celles-ci n’ayant pu être prouvée. Il devra verser 400 € de dommages et intérêts pour préjudice moral à Karim et aussi 800 € pour ses frais de justice.

On espère pour le voisinage Creusotin de Daniel et Karim que les disputes futures concernant les places de parking se dérouleront dans un climat plus serein..

F.G.