Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - Le routier Polonais termine en prison

TRIBUNAL DE CHALON - Le routier Polonais termine en prison

Il avait perdu le contrôle de son véhicule samedi dernier sur l'A6 au niveau de Fragnes-La Loyère, défonçant 15 mètres de béton avant de repartir...

Krysztof W. est un chauffeur routier polonais qui travaille ainsi depuis 30 ans, il en a 57. Il gagne 900 euros par mois, mange et dort dans son camion, et il prend un traitement quotidien contre l’hypertension. Du reste, c’est en voulant attraper ses cachets qu’il aurait perdu partiellement le contrôle de son semi-remorque samedi dernier et raté son entrée sur une aire de l’A6 au niveau de Fragnes-la-Loyère : le camion percute 15 mètres de béton, le réservoir se perce et perd du gasoil sur 150 mètres, il repart aussi sec.

Un homme qui se trouve à la sandwicherie de l’aire prévient les patrouilleurs de l’APRR, lesquels alertent les gendarmes, ceux-ci retrouvent le semi-remorque accidenté sur l’aire de la Ferté, il est 21h30 et ce n’est pas seulement la faute des cachets : le conducteur a bu.

« 1,22 mg d’alcool par litre d’air expiré, c’est 3 fois le taux légal, insiste le procureur Fenogli. Monsieur a dû être placé en dégrisement. On a évité un drame en ce retour de vacances, et puis il a eu un peu de mal à avouer : il avait bu du whisky et de la bière. La société de l’autoroute chiffre les dégâts à 35 000 euros. Je tiens à dire quelque chose à monsieur, traduisez-lui bien, madame l’interprète : depuis janvier il y a eu 34 accidents mortels dans le département, tous liés à l’alcool. » Il requiert 6 mois de prison, une interdiction de conduire pendant 1 an, 500 euros d’amende et un mandat de dépôt.

« Il faut passer le couplet habituel de ‘ce qui aurait pu se passer’, répond maître Laborderie. On juge des faits, et uniquement eux. On nous parle de demande chiffrée : on attendra d’avoir des preuves de tout ça pour en débattre. » L’avocat revient sur les difficiles conditions de travail de Krysztof W. « Ça fait 5 semaines qu’il n’est pas rentré chez lui, qu’il dort dans son camion, qu’il y mange. Il n’a pas droit à des frais d’hébergement. Il avait bu, il a mal apprécié les distances, mais il n’a pas fait d’excès de vitesse. » Krysztof W. a 1 seul antécédent judiciaire à son casier, en Pologne, pour alcoolémie excessive, mais pas dans son cadre professionnel.

In extremis, le travailleur polonais explique à l’interprète qu’en fait il a bu en deux fois : une 1ère fois, raisonnablement, en mangeant, alors qu’il était immobilisé dans une zone industrielle, vu que les camions n’avaient pas le droit de rouler sur le tronçon de l’autoroute ce samedi en journée. Il a pu reprendre la route après 19 heures, il dérape à l’entrée de l’aire, et, par « frustration » (peur ?) il file sur l’aire de la Ferté où il boit à nouveau, et c’est ce que les gendarmes ont mesuré, mais nul ne peut dire son alcoolémie lors de l’accident.

Vrai ? Faux ? Comment savoir ? Le tribunal part délibérer.

Ce samedi de retour de vacances au cours duquel les camions ont dû céder la place aux particuliers aura, arrosé de whisky, fut-ce en mangeant un jambonneau, raison de 27 ans de carrière pour 900 euros par mois.

Cette vie professionnelle-là prend vraisemblablement fin dans la salle d’audience du TGI de Chalon-sur-Saône : le tribunal condamne le chauffeur routier à une interdiction de conduire pendant 1 an, à 150 euros d’amende, et à 4 mois de prison. Il décerne mandat de dépôt, Krysztof W. est incarcéré dans la foulée.

 

FSA