Opinion de droite
L’idéologie Peillon sacrifie le travail et le mérite des jeunes
Publié le 11 Décembre 2013 à 08h49
Pour Gérald Gordat - Conseiller Régional de Bourgogne.
Après la publication des résultats de l'enquête PISA, pointant du doigt les lacunes des élèves français, le bon sens voudrait que l'on se concentre sur ce qui ne fonctionne pas dans le système d'enseignement de notre pays. Or, M. Peillon, Ministre de l’Éducation Nationale, a fait connaître d'inquiétants projets sur l'une des rares filières dont la réussite est reconnue: les grandes écoles et leurs classes préparatoires.
Les images de manifestations importantes dans les grandes villes de France, la mobilisation des professeurs de "prépa" -d'habitude si discrets- dans la rue ou sur les réseaux sociaux, l'émotion de leurs étudiants aussi bien dans les lycées publics que privés... Tout cela ne peut laisser indifférent, surtout si l'on se rappelle les prises de position sans équivoque de M. Peillon, alors eurodéputé, sur cette filière, qui "fournit" pourtant à la Nation de grands chercheurs, ingénieurs, entrepreneurs, dirigeants politiques, etc.
M. Peillon, sans doute sensible à une idéologie pédagogiste fâchée avec les principes de méritocratie, de dépassement de soi, de récompense de l'effort et de recherche de l'excellence, souhaite remettre en cause les obligations de service des professeurs de "prépas". Autrement dit, il s'agirait, pour ces enseignants dévoués et investis, d'assurer jusqu'à deux heures de cours en plus par semaine. Effort dérisoire, dirons certains. C'est bien mal connaître le travail de préparation et d'actualisation des cours, de correction de copies, de suivi et d'encadrement de classes souvent pléthoriques! L'effet produit par cette incompréhensible attaque contre des professeurs méritants serait, selon le service qu'ils assurent, une perte sèche de 10 à 20% de leur salaire mensuel (à travail égal, salaire moindre), ou une augmentation de leur charge de travail pour atteindre ce minima de 10h souhaité par le Ministre (travailler plus pour gagner autant).
Il est, en outre, choquant de constater que ce projet s'appuie sur des exemples marginaux de professeurs de classes préparatoires qui déclarent plus de 100.000€ par an au fisc, qui ne sont absolument pas représentatifs des rémunérations de ces enseignants qui ne comptent pas leur temps et préparent avec dévouement des élèves à des concours difficiles et exigeants?
Le candidat Hollande avait fait de la création de 60000 postes de professeurs un argument de campagne très séduisant pour le corps enseignant, qu'il considérait sans doute comme sa "clientèle" électorale : quelle logique y a-t-il, un an et demi après l'élection présidentielle, à ponctionner le salaire d'une catégorie de professeurs, pour financer, comme le prévoit le décret, des décharges horaires de professeurs exerçant en Zone d'Education Prioritaire?
S'il est bien légitime de porter une attention toute particulière aux ZEP, doit-on le faire au détriment de ceux que l'on désigne comme les "nantis', les 'privilégiés"? Le principe de "déshabiller Pierre pour habiller Paul", comme le dit l'expression populaire, fait-il une politique éducative ambitieuse et respectueuse de ceux qui, au quotidien, la mettent en œuvre? Il a été suffisamment reproché, à tort, à l'ancienne majorité de diviser les Français et les dresser les uns contre les autres: Vincent Peillon fait pire, en opposant des collègues de travail entre eux, dans un antagonisme factice entre ZEP et prépas...
M. Peillon voit peut-être dans ces enseignants des agents d'une "reproduction sociale", montre l'étendue de sa démagogie et confond, une fois de plus, excellence et élitisme, égalité et égalitarisme...
Le soutien à ce mouvement est massif : MM. Chevènement, Mélenchon, Lang et Fabius ont -à mots plus ou moins couverts- déjà montré qu'ils comprenaient, voire partageaient l'indignation des professeurs de prépa, dont les protestations sont rarissimes.
Ne laissons pas M. Peillon faire son "baroud d'honneur" sur le dos d'une filière précieuse et unique, en attendant qu'il s'installe à Bruxelles dans un fauteuil de député européen, place vers laquelle il prépare soigneusement son « atterrissage »...
Gérald GORDAT Conseiller Régional UMP
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