Epervans

Trois filles libérées pour un langage commun agréant des chansons caustiques

Trois filles libérées pour un langage commun agréant des chansons caustiques

Nouvelle courroie de transmission pour cette Cour des miracles 2014, laquelle avait affûté son train d’atterrissage jeudi soir pour Epervans, commune devenue l’espace d’une heure trente zone de droit au rire. Avec le spectacle « Chanteuses par accident… » les trois égéries de la Cie Les banquettes arrières ont fait mieux que se défendre : l’assistance en est restée sur son séant !

L’affluence des grands soirs pour s’en laisser conter

 

Au départ le déroulement des opérations avait été fixé devant la salle des fêtes. C’était sans compter sans l’averse récalcitrante de l’après-midi qui a obligé les organisateurs du Réservoir de Saint-Marcel à mettre en application le plan B : repli à l’intérieur d’une salle des fêtes tellement prise d’assaut que bon nombre de personnes en ont été réduites à suivre les péripéties de l’extérieur. La rançon du succès populaire en somme, lequel commence à chaque rendez-vous dès 19h avec la vente de deux boissons et deux sandwichs pour la modique somme de 4 euros, d’agréables prémices permettant l’instauration d’une ambiance familiale et conviviale. Partie à moitié gagnée d’emblée donc. Il ne restait plus alors aux trois comédiennes qu’à faire feu de tout bois à l’aide de chansons, et de messages informatifs qui n’en avaient que le nom...

Un trio très axé sur les écarts de conduite, la prise de pouvoir a été payante

Les bouffonnes n’ont pas mis longtemps à s’attirer les faveurs d’un public sur des charbons ardents. Désireuses de rentrer dans le lard dès les premières secondes, les trois maîtresses femmes ont brillamment démontré qu’être « chanteuses par accident » n’était qu’une mascarade puisque leur voix n’avait rien d’une usurpation. Bien au contraire leur instrument de travail utilisé uniquement a cappella, avec cette dichotomie des sons vocaux propres à chacune, conférait, in fine, à l’ensemble une complémentarité féconde. Trois artistes, trois sensibilités, trois manières de se singulariser, et autant de perceptions différentes à se glisser dans la pupille pour le regardeur. Ainsi ont-elles pris un malin plaisir à tourner en dérision ce qui leur tombait sous la langue, s’auto-mutiler moralement, à engranger pitreries, improvisations, à vitrioler une kyrielle de portraits lors d’histoires à dormir debout ! Mais sans méchanceté gratuite, invariablement dans l’optique d’une décrispation des zygomatiques. Intermittentes du spectacle en lutte, Fatima, Cécile et Marie (par ailleurs auteur des chansons fantaisistes), auront, en l’absence de moyens artificiels sur scène, signé en vérité une prestation de belle facture sur un revêtement de joie et de bonne humeur. Ce que femme veut...  

Plongée dans le temps et une œuvre de Shakespeare un tantinet détournée

Le prochain spectacle (encore et toujours gratuit) se déroulera le jeudi 14 août à l’intérieur du parc du Château de Châtenoy-en-Bresse, à partir de 21h (ouverture à 19h de la restauration rapide). Il s’agira tout bonnement de la plus longue tragédie de Shakespeare, Hamlet. Attention, ne prenez cependant pas peur par anticipation d’un éventuel gavage littéraire, car la pièce sera dite par les expérimentés comédiens helvétiques de la Cie Les batteurs de pavés, lesquels n’ont pas leur pareil pour désacraliser le texte en le rendant populaire. Très populaire même, puisque l’humour sera constamment de la partie. A voir et entendre la fleur au fusil.

                                                                                  Michel Poiriault