Opinion de droite

“La bonté mal pratiquée n’est plus de la bonté" pour Marie-Claude Jarrot

“La bonté mal pratiquée n’est plus de la bonté" pour Marie-Claude Jarrot

Le débat sur l’accueil des migrants en France et en Europe est extrêmement passionnel. Mais aussi confus. On parle de sans-papiers, de clandestins, de migrants, de réfugiés… On ne parle pas assez d’hommes et de femmes en détresse.
L'image qui prédomine est celle du migrant venu d'Afrique subsaharienne pour fuir la misère, et pas celui de l'ingénieur syrien diplômé fuyant avec sa famille la guerre ou les persécutions.
Reste que cette arrivée est loin de se limiter aux réfugiés persécutés par Daech et que l’actualité brulante met au devant de la scène.
Une situation quoi qu’il en soit assez nauséabonde qui doit nous interpeller et nous appeler à des sentiments plus nobles, ceux de la générosité, de l’hospitalité et de la responsabilité.
Avoir les bras ouverts, n’est-ce pas aussi naturel que bienveillant ?
Et le verbe grandiloquent de nos dirigeants et la générosité affichée par quelques autres artistes pourrait s’assimiler à une forme sincère de charité si derrière tout cela il n’y avait pas la réalité de ce qui est possible et souhaitable et de ce qui ne l’est pas.
“La bonté mal pratiquée n’est plus de la bonté.”
Ce que certains appellent « générosité » et « fidélité à nos traditions d’accueil » ne relève en fait que d’un pur souci d’image parce qu’il est difficile de perdre la face alors qu’une « vague migratoire » inédite depuis des décennies secoue l’Europe, et s’invite au centre de toutes les attentions.
Il n’y a, face à la « crise des migrants », parfois que de la facilité. Pire, de l’hypocrisie ou de la bonne conscience mêlée à de l’opportunisme économique. Mais finalement très peu de générosité.
Le contexte économique, la distance culturelle, le clivage générationnel et la condition sociale rappellent aussi et de différentes façons que l'immigration est perçue comme l'une des nombreuses facettes négatives d'une mondialisation soit disant porteuse de mille dangers.
Il en est un, en tous cas, c’est celui de ne pas prévoir un accueil qui soit efficace.
La noblesse à laquelle je faisais allusion en début de propos, c’est, je crois, celle qui exige que nous puissions répondre favorablement à des demandes d’asile ou d’accueil mais dans des proportions raisonnables et surtout dans des conditions décentes.
Or, c’est tout l’inverse qui va se produire ici et là, en tous cas dans trois villes de Saône et Loire et notamment à Montceau les Mines.
J’avais dit clairement à l’occasion d’un conseil municipal, ma volonté d’ouvrir les portes de notre ville, en étroit lien avec des Montcelliens volontaires et des associations humanitaires, à quelques familles, deux ou trois, pas plus, de manière à ce que nous puissions le prolonger par un accompagnement nécessaire à une intégration réussie et à une sérénité préservée.
Montceau les Mines y était prête. Elle l’a fait par le passé.
C’est, là encore, tout le contraire qui se passe au moment où les Montcelliennes et les Montcelliens, dont la gentillesse et la générosité ne sont plus à prouver, ont appris qu’une décision imposée par l’Etat allait déloger de ce que l’on appelle vulgairement « la jungle » à Calais, 23 jeunes hommes venant de Somalie et d’Érythrée pour leur offrir des conditions de logement particulièrement inadaptées à leur situation.
Je n’approuve pas cette manière de faire et m’en suis émue auprès de Monsieur le Préfet dont la responsabilité est celle d’appliquer et de faire appliquer administrativement cette décision.
Il s’agit là d’une espèce de « décentralisation de bons sentiments » qui n’aboutit au final qu’à déplacer des problèmes. Pire, à faire de la bonté un faux fuyant.
Et quand ces « problèmes » ont un visage humain, ce n’est pas acceptable. C’est même douloureux. Et ça rajoute du trouble au trouble et favorise ou réveille des sentiments de peu de bien.
Cela à quelques semaines d’élections importantes.
A moins que cela ne soit pas un hasard…
C’est en tous cas, et c’est cela qui m’interroge, faire montre d’une certaine indigence à régler, tenter de régler, des situations complexes et personnelles.
C’est mon souhait et ma responsabilité de les aborder différemment avec fermeté et Humanité.


Marie-Claude Jarrot,
Maire de Montceau les Mines