Bresse Chalonnaise
Aujourd’hui, Verdun-sur-le-Doubs passe officiellement « A l’heure italienne » !
Publié le 17 Septembre 2016 à 09h13
Jusqu'au tout début des années 2010, Verdun-sur-le-Doubs avait plutôt tendance à voir disparaître ses entreprises et commerces. Mais, depuis 2014, cette tendance semble s'inverser, à tout le moins voit-on arriver de nouveaux commerces. Exemple avec "A l'heure italienne", restaurant qui ouvre ses portes ce samedi.
Depuis leur base arrière d’Allerey-sur-Saône, l’équipe de « A l’heure italienne » fournissait en pizzas tout le Verdunois, et même au-delà puisqu’ils avaient même mis en place avec leurs clients de communes du Beaunois un système quasi-collaboratif de ravitaillement. Des pizzas à propos desquels personne ne vous dira qu’elles sont communes, ou consommées par défaut. Votre serviteur a bien tenté de dénicher des voix discordantes, il n’en a trouvé aucune et a jeté l’éponge sur ce coup-là, pour conclure que, oui, ces pizzas sont manifestement sans pareil dans le secteur. Tellement sans pareil que, depuis quelques temps, d’aucuns les réservaient parfois une semaine à l’avance, pour être sûrs de pouvoir en manger !
Face à un tel succès, que faire ? Se résoudre à mettre en place un système de rationnement et de queues interminables, comme il en existait sous l’Occupation ou en ex-URSS ? Ce n’est pas la solution que le patron, Gilles Bautheney, a retenu. En effet, celui-ci a préféré, tout en gardant ouvert celui d’Allerey-sur-Saône, créer un autre établissement, plus exactement un restaurant, qui ouvre ses portes aujourd’hui, à Verdun-sur-le-Doubs. Créer un nouvel établissement et , aussi, recruter.
Une énième pizzeria, comme il en existe tant ? Pas tout à fait, voire pas du tout. Curieux de voir ce que nous concoctait Gilles Bautheney, votre serviteur est allé le rencontrer en son antre. Première surprise : l’endroit est aménagé avec goût, ce qui est plutôt rare. Pas de fioritures. Pas de flonflons criards, aux couleurs de l’Italie, pour faire « comme là-bas dis ». Quelques couleurs, sobres, donnent à l’espace une impression de sérénité. Si bien qu’en entrant, ce n’est pas une chape de plomb, ou une brusque agitation qui nous accueille, mais une sorte de "zénitude", pour parler comme Ségolène Royal, qui en lieu et place de bravoure, parlait, la gourdasse, de « bravitude ».
Zen. C’est précisément le mot qui vient à un esprit pas trop embrumé quand il pénètre dans les locaux du restaurant de Verdun-sur-le-Doubs. De fait, on sent avec acuité que l’on va pouvoir se restaurer dans le calme et, si l’on est bien accompagné, passer une agréable pause-déjeuner, un sympathique dîner. Et en outre ressortir de table comme il le faut, c’est-à-dire comme l’a très bien décrit Voltaire dans un poème trop mal connu : « Il faut, le soir, un souper délectable / Où l’on soit libre, où l’on goûte à propos /Les mets exquis, les bons vins, les bons mots /Et sans être ivre, il faut sortir de table »*.
Pourquoi ? Parce que dans ce restaurant, on n’a pas le choix entre s’enfiler un litron de pinard pour avoir le plaisir d’accompagner son repas d’un peu de vin ou bien rester sec comme un pochard contraint à la sobriété par une cure de désintox’, ceci pour éviter que des schtroumpfs grognons assermentés ne vous retirent le permis de conduire après vous avoir fait souffler dans le ballon . En effet, le patron a choisi de vendre le vin au verre, à des prix abordables. Du vin protégé d’une oxydation intempestive grâce à une machine qui le maintient sous vide d’air une fois la bouteille ouverte, une pratique que l’on commence à rencontrer dans les pays vignerons, ou dans certains endroits où l’on ne renonce pas aux plaisirs de la vie, pourvu que ceux-ci soient goûtés sans excès. Enfin, quand je dis « du » vin, je ne suis pas précis. Je devrais dire « des » vins, car c’est toute une gamme de vins italiens, sélectionnés avec soin, qu’on vous proposera de découvrir. De la même façon qu’on vous proposera de découvrir des artistes locaux, dont les toiles viendront orner les mûrs, vous entourant comme un écrin protège une pierre précieuse. Car, même s’il ne vous le dira pas en ces termes, par retenue ou pudeur, pour le patron, son client est comme une pierre précieuse, sur laquelle il faut veiller. D’où, d’ailleurs, le choix de ne pas privilégier, pour que ce dernier ne se sente pas serré comme dans une boîte de sardines, un nombre important de couverts et, aussi, la décision d’offrir des fauteuils confortables, fonctionnels. C’est-à-dire le contraire de ce qui accueille notre délicat postérieur dans la plupart des restos.
Vous ne savez pas ce que cela fait qu’être une pierre précieuse ? Peut-être devriez-vous faire un petit tout du côté d’ « A l’heure italienne », à Verdun-sur-le-Doubs.
S.P.A.B.
*Voltaire, « Ce qu’il faut pour être heureux », Œuvres complètes, Paris, Leroi librairie, 1835
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