Opinion

Jean-Jacques Fouché, ancien directeur de la Maison de la culture de Chalon pointe du doigt le comportement du maire de Chalon

Dans une tribune adressée aux lecteurs d'info-chalon, celui qui dirigea la Maison de la culture de 1974 à 1983 avant de devenir Inspecteur général au ministère de la Culture s'interroge sur la question de la gestion des questions artistiques à Chalon sur Saône.

Le maire, l’art et le musée -  J. J. Fouché

Le musée Denon vient de recevoir une donation de Madame Ponthaud-Neyrat (dont la famille est connue pour son passé industriel). Il s’agit de deux œuvres sculptées en ronde-bosse dans du marbre de Carrare en « hommage à Camille Claudel ». Le service régional du ministère de la culture a fait savoir qu’il n’est pas favorable à l’entrée de ces pièces dans les collections du musée. Au prétexte qu’il ne s’agit que d‘un avis et considérant que le musée est municipal, le maire a décidé  de passer outre et d’accepter la donation qu’il a  fait exposer dans le musée.

Le maire se place en opposition à l’autorité de contrôle par un service de l’État concernant un établissement municipal « classé et contrôlé ». Il profite de l’absence de compétence scientifique dans les musées de la ville (pas de conservateur directeur des musées qu’il devrait contribuer à faire nommer) pour imaginer qu’il pourrait disposer des collections et de la programmation des œuvres à exposer.

La donation est exposée et on peut donc la voir.

Une analyse de l’iconographie (même rapide) montre que l’auteure n’a pas su choisir entre abstraction et réalisme ; en effet si la courbe des corps féminins représentés semble juste (mais une courbe n’est-elle pas une abstraction ?), le rendu des membres et de leurs extrémités, mains et pieds, est raté. Doit-on exposer un ratage pour montrer aux élèves de l’école d’art et aux écoliers ce qu’il faut éviter dans une représentation artistique ?  On peut aussi dire (c’est le rôle de la critique d’art) ce qu’il eut été possible de faire pour rendre l’œuvre acceptable.

Un maire peut-il au nom de ses amitiés, de ses goûts, de sa culture (ou de son absence de culture ?) s’inventer décideur artistique et culturel de la ville dont il a temporairement la charge administrative ?