Opinion

Nous n'oublions pas et nous n'oublierons jamais !

Cette année 2020 sera singulière : ce sera le 75e anniversaire de la libération des camps nazis mais les cérémonies seront limitées en raison de la situation sanitaire du pays, alors que prévalent des préoccupations de santé et surtout l’incertitude dans une situation complexe avec de graves effets économiques et sociaux. Et pourtant il est nécessaire de ne pas oublier.

La mémoire dont on parle tant, ce sont des noms, des personnes, des lieux, des objets qui nous mettent en rapport avec ce qui a eu lieu.

En Saône-et-Loire, il reste quatre survivants des camps, tous déportés pour faits de Résistance : à Neuengamme, Buchenwald, au Struthof-Natzweiler et nous pensons d’abord à eux, ces survivants revenus de parmi les morts.

La Journée nationale du souvenir des victimes de la déportation fixée par la loi du 14 avril 1954 le dernier dimanche d’avril en raison de sa proximité avec la date anniversaire de la libération de la plupart des camps, et parce que cette date ne pouvait pas se confondre avec une célébration religieuse ou une célébration nationale, affirme le besoin de préserver la mémoire de la déportation.

En France, plus de 150.000 personnes ont été déportées dans les camps de concentration ou d’extermination nazis au cours de la Deuxième Guerre mondiale, dont 80.000 victimes de mesures de répression et 75.000 Juifs et Tsiganes victimes des mesures de persécution racistes. 1817 personnes ont été arrêtées en Saône-et-Loire et déportées.

Souvenons-nous que rien n’est jamais acquis. Dans les années 1930, le nazisme a promu la soi-disant particularité allemande et la prétendue suprématie allemande. Et c’est dans ce pays de très haute culture, de démocratie parlementaire, l’Allemagne, ce pays qui a donné au monde de très grands savants, philosophes, artistes, que cette politique barbare a pris naissance. C’est dans ce pays que les nazis sont arrivés au pouvoir légalement par un processus électoral en janvier 1933. En mars 1933 ils ouvrent le camp de concentration de Dachau dans la banlieue de Munich. Et dans notre vieux pays, la France, un pays également de grande culture, de vieille démocratie parlementaire, « pays des droits de l’homme », il y a eu le régime de Vichy qui a aidé à la politique criminelle de l’occupant, un régime qui est arrivé au pouvoir légalement. À Montceau-les-Mines et dans le bassin minier où il y eut de très nombreux déportés, une grande partie a été arrêtée par les forces de police françaises aux ordres du préfet et livrés à l’occupant nazi. Souvenons nous en.

Primo Lévi, survivant d’Auschwitz, écrivait : « Je pense que, pour un homme laïque comme moi, l’essentiel c’est de comprendre et de faire comprendre. » Ayons toujours cela gravé dans un coin de nos mémoires.

Jean Yves Boursier