Saône et Loire

Un ancien gazier, Claude Mennella, en charge du gaz au SYDESL

Un ancien gazier, Claude Mennella, en charge du gaz au SYDESL

Représentant la commune de Châtenoy-le-Royal, Claude Mennella est depuis le 29 septembre dernier 3e vice-président du SYDESL (Syndicat départemental d’énergie de Saône-et-Loire). A ce poste, l’ancien délégué régional GDF Suez en Bourgogne anime la commission « Concessions électricité et gaz » pour la partie « gaz ». Sept mois après son installation, il évoque pour Info Chalon sa nouvelle mission.

Le SYDESL n’est pas forcément connu du grand public, en préambule, pourriez-vous brièvement nous le présenter ?

Il s’agit du Syndicat Départemental d’Energie de Saône et Loire. Présidé depuis septembre 2020 par le Mercuréen Jean Sainson, il est formé des représentants des onze comités territoriaux, regroupant les communes de moins de 2 000 habitants, dites communes rurales, et des représentants des communes de plus de 2 000 habitants, dites communes urbaines. Le SYDESL, qui rassemble les 565 communes du département, a été fondé en juillet 1947, un an après la loi du 8 avril 1946, nationalisant toutes les entreprises concessionnaires d’énergie et créant ainsi EDF pour l’électricité et GDF pour le gaz. Pendant 60 ans il n’a été qu’un syndicat d’électrification et ce n’est que depuis le 1er janvier 2008 qu’il a pris également la compétence de distribution et de fourniture de gaz. Le SYDESL, c’est aussi des services spécialisés regroupant près d’une trentaine de salariés et animés par Céline Sevestre, la directrice générale. 

Une compétence gaz qui ne s’applique pas à l’ensemble des communes de Saône-et-Loire...

Effectivement, parce que, contrairement à l’électricité, il n’y a pas d’obligation de desserte de gaz, car ce n’est pas un service public universel, les usages du gaz pouvant être remplacés par d’autres énergies. Cette desserte est aussi  liée à des contraintes d’équilibres économiques, entre coût d’investissement et chiffre d’affaires généré. Néanmoins 237 d’entre elles sont raccordées au réseau de gaz naturel et permettent de donner un accès au gaz à près de 70% de la population du département. 170 ont confié la compétence gaz au SYDESL.

Pour ces communes quel est l’intérêt à transférer  la compétence gaz au syndicat ?

La distribution publique de gaz est un service public faisant partie des compétences communales et dont l’exploitation est confiée à GRDF. Depuis 2008 le SYDESL peut remplir pour les communes le rôle d’organisateur de la distribution et de la fourniture de gaz et résumé en cinq missions : la desserte, la sécurité, l’environnement, l’économie, et la responsabilité déléguée du réseau gaz de leur territoire. C’est en fait un transfert de compétences, pas toujours présentes au sein de la commune, sur un domaine spécialisé et sensible. 

Vous avez reçu délégation du président Jean Sainson pour vous occuper de la partie « gaz » de la commission « Concessions électricité et gaz ». Pourriez-vous nous préciser vos attributions ?

Elles sont nombreuses. Je ne citerai que les plus importantes. Assurer le suivi et le contrôle de la concession de distribution et de fourniture de gaz. Déterminer et suivre des actions de contrôle du respect du cahier des charges de concession passé avec GRDF. Vérifier et s’assurer du respect de la qualité de fourniture de gaz. Maîtriser la demande en gaz dans le cadre de la précarité énergétique. Contrôler les réseaux de distribution publique de gaz. Entretenir une synergie avec les autres syndicats d’énergie, et en particulier les sept de Bourgogne Franche-Comté, et avec la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies. Développer la distribution de gaz sur le territoire départemental. Assurer la sécurisation des réseaux. Enfin dans le cadre de la transition énergétique développer les énergies renouvelables, dont les énergies issues de la biomasse. 

A l’instant, vous évoquez les énergies issues de la biomasse, leur développement ne risque-t-il pas d’être impacté par la nouvelle réglementation environnementale, qui durcit l’usage du gaz dans les bâtiments neufs par rapport aux émissions de carbone ?

Les pouvoirs publics avaient prévu l’application de la RE 2020 à compter du 1er janvier 2021. En raison de la crise sanitaire sans précédent que nous connaissons, le dispositif ne sera finalement pas opérationnel avant l’été 2021. Ce décalage de quelques mois du calendrier de mise en œuvre de la RE 2020 est mis à profit par les grands opérateurs gaziers pour faire la promotion du gaz, qui reste une énergie d’avenir, car stockable et disponible en continu, et qui permet en particulier de répondre aux forts besoins énergétiques en hiver. Le gaz est devenu renouvelable grâce à l’essor du gaz vert. Produit localement à partir de résidus agricoles, d’effluents d’élevage et de déchets des territoires, le gaz vert a les mêmes caractéristiques et les mêmes usages que le gaz naturel pour se chauffer, cuisiner ou avoir de l’eau chaude. Il peut même être utilisé comme carburant. Le gaz vert est déjà une réalité et circule dans les réseaux de gaz sur tout le territoire français. 

Dans le domaine de la méthanisation de déchets agricoles et alimentaires il semble que notre département soit en pointe...

En effet l’objectif de GRDF est de faire de la Saône-et-Loire une vitrine de la transition énergétique par le gaz vert, notamment sur la moitié est du département, avec la création de sept unités de méthanisation d’ici 2023, qui assureront 25 % des besoins de la Bresse Bourguignonne. Bien au-delà de l’objectif national, qui est de 6% en 2030. Une est déjà en service depuis fin 2019. Celle de Ciel, qui pourrait être complétée par une station GNV, autrement dit une station distribuant du gaz naturel pour véhicules. Cette année une autre sera mise en service à Simard. Et trois devraient voir le jour en 2022 à Pierre-de-Bresse, Condal, et Allériot. N’oublions pas non plus le SMET 71, précurseur en matière de valorisation des déchets et producteur de biométhane, avec son usine ECOCEA située à Chagny, et la future plateforme énergétique de Saôneor, qui inclut un méthaniseur et une station GNV dans son projet. Nous pourrons faire un point à nouveau dans quelques mois, car de nombreux autres projets de production de gaz vert sont en gestation pour le plus grand bien de notre territoire en pointe en matière de transition écologique.

 

Propos recueillis par Gabriel-Henri THEULOT