Chalon sur Saône

CONTE DE NOËL

Par J-C Reynaud

Publié le 21 Décembre 2022 à 12h00 , mise à jour le 23 Décembre 2022 à 10h47

CONTE DE NOËL

En ce jour de solstice d’hiver, voyant le soleil au plus bas de sa courbe descendante, évoque, symboliquement, la nuit, les ténèbres mais surtout un espoir de retour à la lumière puisque les jours vont rallonger aux environs du 25 décembre et le soleil reprendra sa courbe ascendante.

Ce Conte de Noël de Jean Vermette, découvert au hasard de lectures, apporte un éclairage à la vie matérielle. Bon et joyeux Noël !

« Il était une fois, il y a bien longtemps de cela, dans un petit village de Palestine, un atelier de charpentier. Un jour que le maître était absent, les outils se réunirent en grand conseil, sur l’établi. Les conciliabules furent longs et animés, ils furent même véhéments. Il s’agissait d’exclure de la communauté des outils un certain nombre de membres.

L’un prit la parole : 

- Il faut, dit-il, exclure notre sœur la scie, car elle mord et elle grince des dents. Elle a le caractère le plus grincheux du monde.

Un autre dit : 

- Nous ne pouvons conserver parmi nous notre frère le rabot qui a le caractère tranchant et qui épluche tout ce qu’il touche.

Quant au frère marteau, dit un autre, :

- je lui trouve le caractère assommant. Il est tapageur. Il cogne toujours et nous tape sur les nerfs. Excluons-le.

Et les clous ? … Peut-on vivre avec des gens qui ont le caractère aussi pointu ? Qu’ils s’en aillent ! 

Et que la lime et la râpe s’en aillent aussi. A vivre avec elles, ce n’est que frottement perpétuel. 

Et qu’on chasse le papier de verre dont il semble que la raison d’être dans cet atelier soit de toujours froisser !

Ainsi discouraient en grand tumulte les outils du charpentier. Tout le monde parlait à la fois. L’histoire ne dit pas si c’était le marteau qui accusait la scie et le rabot la lime, mais il est probable que c’était ainsi, car à la fin de la séance, tout le monde se trouvait exclu.

La réunion bruyante prit fin subitement par l’entrée du charpentier dans l’atelier. On se tut lorsqu’on le vit s’approcher de l’établi.

Il saisit une planche et la scia avec la scie qui grince. 

La rabota avec le frère rabot au ton tranchant qui épluche tout ce qu’il touche. 

Le frère ciseau qui blesse cruellement, la sœur la râpe au langage rude, le frère papier de verre qui froisse, entrèrent successivement en action. 

Le charpentier prit alors les clous au caractère pointu et le marteau qui cogne et fait du tapage.

Il se servit de tous ses outils au méchant caractère pour fabriquer un berceau. … 

Pour accueillir l’Enfant à naître … 

Pour accueillir la Vie … »

JC Reynaud