Cinéma
CINEMA A CHALON - Sur les pas d’Elizabeth Bishop
Publié le 15 Avril 2015 à 07h39

Dans le cadre du cycle « Femmes Reg’Arts », qui se déroule du 7 au 26 avril, le cinéma Axel projetait ce lundi le film « Reaching for the moon », de Bruno Barreto. Le sentiment d’Info-Chalon.
Lundi soir, plusieurs raisons pouvaient conduire les habitués des salles obscures à se rendre à l’Axel pour y voir Reaching for the moon, de Bruno Barreto [1]. Parce qu’ils n’avaient rien de mieux à faire que d’aller au cinéma ce soir-là. Parce qu’ils s’intéressent à la condition des femmes dans nos sociétés. Parce qu’ils voulaient en savoir un peu plus sur le Brésil des années 1950 et 1960, cadre temporel de Reaching for the moon.
Pour sa part, votre serviteur d’Info-Chalon s’y est surtout rendu parce que ce long-métrage, « inspiré de faits réels » comme on dit de nos jours, revenait sur une période de la vie d’Elizabeth Bishop, une poétesse américaine qu’il affectionne tout particulièrement depuis le choc qu’a constitué pour lui la lecture de North & South – A cold spring [2], un recueil de poèmes qu’elle a écrits lorsqu’elle vivait une véritable passion amoureuse au Brésil avec l’architecte Lota de Macedo Soares, à qui l’on doit le parc Flamengo de Rio de Janeiro. Bref, votre serviteur a fait le déplacement parce qu’il attendait un peu de ce film que celui-ci lui livre les secrets de la venue au monde de poèmes aussi troublants que le suivant [3]:
« Dans l'art de perdre il n'est pas dur de passer maître ;
tant de choses semblent si pleines d'envie
d'être perdues que leur perte n'est pas un désastre.
Perds chaque jour quelque chose. L'affolement de perdre
tes clés, accepte-le, et l'heure gâchée qui suit.
Dans l'art de perdre il n'est pas dur de passer maître.
Puis entraîne toi, va plus vite, il faut étendre
tes pertes : aux endroits, aux noms, au lieu où tu fis
le projet d'aller. Rien là qui soit un désastre.
J'ai perdu la montre de ma mère. La dernière
ou l'avant-dernière de trois maisons aimées : partie !
Dans l'art de perdre il n'est pas dur de passer maître.
J'ai perdu deux villes, de jolies villes. Et, plus vastes,
des royaumes que j'avais, deux rivières, tout un pays.
Ils me manquent, mais il n'y eut pas là de désastre.
Même en te perdant (la voix qui plaisante, un geste
que j'aime) je n'aurai pas menti. A l'évidence, oui,
dans l'art de perdre il n'est pas trop dur d'être maître
même si il y a là comme (écris-le !) comme un désastre. »
Votre serviteur a-t-il bien fait de sacrifier une soirée presqu’estivale, durant laquelle il aurait pu flâner le long des bords de Saône, ceci pour aller s’enfermer dans une salle obscure ? C’est en réalité peu douteux. Bien que Reaching for the moon dure un peu plus de deux heures, il n’a pas vu le temps passer. Il faut dire que les deux actrices principales - Miranda Otto (Lota) et Gloria Pires (Elizabeth) – sont à ce point convaincantes que l’on discerne avec acuité les ressorts d’une passion amoureuse qui emporte tout sur son passage, causant à l’occasion des « dommages collatéraux » qui, s’ils n’étaient survenus, constitueraient sans doute une perte immense pour l’humanité, du moins ce qu’il reste de cette dernière. En effet, comment imaginer, maintenant que ces « dommages collatéraux » existent, que l’on puisse faire comme si North & South – A cold spring et le parc Flamengo n’avaient jamais vu le jour ?
De fait, il a beau remuer cela dans tous les sens, tout dans ce film consacré à l’amour dans ce qu’il a de plus fougueux et passionné, est de nature à le porter à une forme d’éloge. De la trempe du chef d’œuvre d’Abdellatif Kechiche – La vie d’Adèle 1 & 2 [4] -, qui avait réussi une remarquable radioscopie des ressorts du couple dont la portée, à vocation universelle, incitait à une salutaire réflexion, Reaching for the moon est assurément un grand film, bien qu’il ne puisse rivaliser en tous points avec La vie d’Adèle, objet cinématographique encore pas tout à fait identifié. Même les dialogues, qui laissent entrevoir une certain philosophie des relations humaines (« Quel genre de vie attends-tu si tu fais passer l’amitié avant l’amour ? » ; « Je veux tout ce que je peux avoir » ; « L’indulgence est une marque de mépris », etc.), s’écouteraient sans fin, tant il y a de méditations salutaires à tirer de ceux-ci. Décidément, rien à redire. De la belle ouvrage.
Ceci posé, le mieux est encore de vérifier par soi-même que ce film vaut effectivement le coup d’être vu.
Un conseil : n’attendez pas trop…
S.P.A.B.
[1] 2014. Durée : 2 h 03.
Bande-annonce :
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19539753&cfilm=217618.html
[2] 1955.
[3] Elizabeth Bishop, Géographie III, traduction de Alix Cléo Roubaud, Linda Orr et Claude Mouchard, Circé, 1991, p. 58 et 59.
[4] Voir la chronique d’Info-Chalon :



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