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Mayotte, ce département français au devenir inquiétant

Mayotte, ce département français au devenir inquiétant

La vie dans le département français de Mayotte est préoccupante pour les populations face aux réactions de bandes usant d’une rare violence en direction de Comoriens en situation régulière ou non et un Etat qui ne réagit pas ou peu.

« Faites-le savoir autour de vous, nous sommes inquiets pour l’île et pour ses habitants si la situation n’est pas assainie rapidement et efficacement. » Une phrase prononcée par une métropolitaine chalonnaise, que nous avons eu par Skype cette après-midi et en activité professionnelle depuis deux ans sur l’île de Mayotte. 

Département français depuis 2011, l’île de Mayotte est au bord de l’explosion à cause d’une « prise de pouvoir » par des groupes d'habitants de villages qui veulent expulser les immigrès venus essentiellement de l'île comorienne d'Anjouan. Les habitants n’hésitent pas à démolir les bâtisses d’immigrés de la Grande Comores, de bruler leurs affaires et de piller leurs quelques maigres biens. A ce phénomène s'ajoutent de bandes originaires de l’île, que ce soit des mahorais ou des comoriens âgés, pour la plupart,  autour des .... 16 ans, qui profitent de cette situation pour faire du vandalisme et du pillage des hommes et des biens.

Encore ce dimanche matin 5 juin 2016,  le village de Tsingoni sur la cote ouest de l’île,  s'est reveillé en étant averti que les actions allaient se poursuivre pour chasser  les « irréguliers ». Action entreprise depuis quelques semaines d’abord dans le sud, sur Brandele ou Sada, puis sur la capitale de l’île, Mamoudzou ou les réfugiés sont parqués place de la République, avec une citerne d’eau pour seul approvisionnement, avant d’être renvoyés (plus ou moins) dans leur pays d’origine pour ceux qui ne sont pas en situation régulière ou en espérant une offre de logement pour les autres.

Une situation qui empêche de sortir de chez soi, sauf dans la journée pour aller au travail, en veillant à rentrer avant la tombée de la nuit qui, là-bas, arrive pour 18h, heure locale « On ne sort plus de chez nous autrement, ajoute notre chalonnaise, et surtout pas la nuit c’est trop dangereux. Nous n’allons plus sur Mamoudzou c’est trop risqué ( ndlr : distante de 18 km). On vit plus on attend. » De citer un évènement arrivé vendredi dernier vers 16h : «  Ce sont des mômes qui mettent le foutoir, tout en profitant pour régler des comptes entre bandes. Ils ont intercepté à l’entrée du bourg une voiture en pillant leurs affaires et leurs papiers, puis les ont emmenés sur un chemin en forêt pour les tabasser et les laissant sur place blesser. Tout ceci face à un immobilisme de l’Etat qui nous inquiète car les gens veulent faire justice eux-mêmes. On prend des précautions en ce qui nous concerne. Des amis travaillant dans les hopitaux nous on fait savoir qu'il y avait une augmentation d'agression à l'arme blanche. Tout ceci ne pouvant être géré par le peu de force de l'ordre que compte l'île, à paine une centaine de gendarmes."

Puis de poursuivre avec beaucoup d’émotion dans la voix : « Ce n’est pas à nous d’intervenir. Voir comme j’ai vu ce dimanche matin, des gens avec leurs affaires sur le dos prendre à pied le chemin de Mamoudzou, c’est dur, ça prend sur le moral. Nous avons l’impression d’être les témoins impassibles de scène de la guerre des années 40. Si nous réagissons face à ces violences nous craignons d’être à la limite de la délation. » précise notre chalonnaise, prête à partir si elle est chassée de cette île alors qu’elle a un emploi intéressant et captivant au sein de la vie scolaire de l’île.

Un petit espoir de voir le calme revenir quelques temps avec l’arrivée proche de ramadan. Mayotte est composée à 95% de population musulmane. « Mais ce n’est pas évident, poursuit notre chalonnaise, c’est avant tout un territoire français ou habitent et vivent des Français, donc il nous appartient de respecter et faire respecter les lois françaises. Ce qui est choquant au regard de l’Etat, si l’on se fait choper pour une ceinture oubliée, on se retrouve avec la voiture et le permis confisqués et on perd des points, alors que face à cette situation on a l’impression que l’Etat considère cela comme une fête. Je veux rassurer cependant les personnes qui ont des leurs, comme moi, qui vivent à Mayotte, ce n’est pas encore une île en flamme, mais nous pouvons être inquiets quelque peu pour les habitants de cette île de l'Océan Indien, qu’ils soient d’origines mahoraise, comorienne ou métropolitaine. Cela nous tient en haleine si le Gouvernement ne réagit pas de façon drastique à ces violences ethniques. N’hésitez pas à le faire savoir autour de vous.»

JC Reynaud