Politique de gauche

A Laudun-L'Ardoise, Montebourg se présidentialise

A Laudun-L'Ardoise, Montebourg se présidentialise

L’homme dont le nom est irrémédiablement lié à la Saône-et-Loire a fait sa rentrée politique à Laudun-L’Ardoise, devant pas moins de 350 fidèles. Une première expression publique attendue. L’analyse d’Info-Chalon.

Silencieux depuis son éviction du gouvernement quelques jours avant l’Université d’été du PS à La Rochelle, au lendemain de la Fête de la Rose de Frangy-en-Bresse, la première grande expression publique de celui qui demeure le véritable homme fort de la Saône-et-Loire, invaincu dans les urnes, était attendue. Très attendue. Et le moins que l’on puisse dire est qu’elle n’a pas déçu ses fidèles – 600 selon les organisateurs, entre 350 et 450 pour ceux qui savent compter. Des fidèles qui ont fait le déplacement pour l’écouter à Laudun-L’Ardoise, sur les terres de Patrice Prat, député de la 3ème circonscription du Gard, où se déroulait l’Université d’automne du Bressan.

A l’issue d’ateliers de réflexions où, de l’avis de nombreux participants l’on n’avait « pas l’impression d’assister à l’Université d’été du Medef comme la dernière fois à La Rochelle », Arnaud Montebourg, entouré de ses fidèles historiques – Rémi Chaintron, Philippe Baumel et le sénateur fraichement élu Jérôme Durain – a prononcé un discours de fond, qu’aucun effet de manche n’est venu parasiter. En effet, loin des saillies un peu graveleuses qui lui ont valu d’être débarqué sans ménagement, Arnaud Montebourg s’est cette fois-ci nettement présidentialisé.

Après avoir convoqué l’ensemble du personnel économique dont l’avis ne saurait être évacué d’un revers de la main – le directeur de la Banque centrale européenne (BCE), l’ancien directeur de la Banque Mondiale, la directrice actuelle du FMI, des prix Nobel d’économie -, ce n’est rien moins qu’un contre-programme en matière de politiques économiques, dicté par l’intérêt des Européens et des nations européennes, qu’Arnaud Montebourg a proposé. Un contre-programme tourné contre les politiques austéritaires menées en Europe et en France, ceci contre toute raison, ainsi que l’ont démontré avant lui, et avec force, deux économistes de l’observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) : Mathieu Plan et Xavier Thimbeau. Un contre-programme à destination de ceux qui ont perdu du pouvoir d’achat – en moyenne 1650 euros par an et par Français – en travaillant d’arrache-pied, et à destination de ceux qui créent de la richesse. Un contre-programme pour en terminer avec « l’arrogance technocratique », les « mantras » néo-libéraux, l’autisme à l’égard de la souffrance des peuples européens. 

Bref, un contre-programme pour redonner le pouvoir aux citoyens, ce qui pose clairement la question du renouvellement de l’architecture institutionnelle, que les participants – bien souvent des compagnons de route de la Convention pour la 6ème République – jugent, en accord avec leur mentor, « archaïque », « antidémocratique », « dépassée »

Pas sûr, donc, après une telle rentrée politique, que la France et la Saône-et-Loire en aient terminé avec le Bressan. N’en déplaise à certains.

J.J.R.