Cinéma

Lundi soir à l’Axel de Chalon : un documentaire consacré à Kurt Cobain

Lundi soir à l’Axel de Chalon : un documentaire consacré à Kurt Cobain

Ce lundi 4 mai, le cinéma Axel projette un documentaire* consacré au leader du groupe Nirvana : Kurt Cobain, décédé en avril 1994. Une belle occasion de revivre l’épopée d’un mouvement musical planétaire : le grunge.

« Au-delà de l’opération marketing et du genre musical, si le grunge a connu un tel succès, c’est peut-être parce qu’il ne souhaitait justement faire passer aucun message, et que ses figures de proue étaient des antihéros, des gens ordinaires, accessibles, dénués d’ambition et aimant jouer dans de petites salles pour leurs amis ». [1]

 

Le grunge [2], mouvement de rock alternatif influencé par le Punk, le Metal et la New Wave, qui a pris son essor à Seattle (Etats-Unis) au milieu des années 1980, une opération marketing ? L’amateur de Nirvana, Pearl Jam et consorts, s’il a à cœur de rester subjectivement honnête devant ce mouvement auxquels se rattachent nombre de ses idoles, doit bien admettre que ce n’est pas tout à fait pure vue de l’esprit de Kathleen Aubert. Même si, à la base de ce qui deviendra un phénomène planétaire au lendemain de la sortie du plus connu des albums de Nirvana – Nevermind -, le 21 septembre 1991, il existait bien, à Seattle, « triste conurbation industrielle perdue dans les brumes côtières de l’Etat de Washington », une scène rock originale et foisonnante, animée par de jeunes gens, faisant de la musique pour échapper à l’ennui, dans des clubs comme le Central, le Vogue, la Tavern

 

Il faut en convenir, sans quatre personnages – Bruce Pavitt, Jonathan Poneman, Jack Endino (un producteur), Charles Peterson (un photographe) – qui avaient décidé de faire de cette scène rock de Seattle un mythe et ont élaboré de toute pièce une identité pour ce mouvement qu’on appellera le grunge, ainsi qu’une image – le fameux « uniforme grunge », copié-collé du « bouseux » d’Amérique du Nord [3] -, pas sûr que des groupes comme Melvins, Nirvana, Mudhoney, Pearl Jam aient un jour pu percer au point de constituer un rayon entier de la musicothèque de votre serviteur.

 

Ceci posé, le charisme personnel du leader du groupe Nirvana, Kurt Cobain, devenu malgré lui le porte-parole de toute une génération – celle que d’aucuns appellent « X » sans trop savoir ce qu’il faut mettre là-derrière -, a beaucoup aidé à faire du mouvement grunge un mouvement aussi important que put l’être celui venu d’Angleterre dans le sillage des Sex Pistols et des Clash : le Punk. Peut-être même le dernier grand mouvement musical du XXème siècle, dans lequel des ados de tous les pays, notamment ceux des sociétés industrialisées, en proie à un certain mal-être existentiel, ont pu se retrouver.

 

Le documentaire qu’a réalisé Brett Morgen sur ce porte-parole malgré lui de toute une génération, mort à 27 ans, d’une balle qu’il s’est tiré à bout portant un petit matin glauque d’avril 1994, est une belle occasion, pour ceux qui ne connaissant pas le grunge, de découvrir un pan entier de l’histoire mondiale du rock. A l’heure où la véritable musique pop, dans ce qu’elle avait d’universelle, disparaît au profit de « sons » que l’on écoute entre membres d’une même « tribu » musicale, sans même se rendre compte que l’on ne constitue jamais plus ni moins qu’un segment de marché, côtoyer de plus prêt ce qui permit à toute une génération de dire son mal-être mérite sans  doute un détour par la case Axel. Et puis Kurt Cobain, personnage tourmenté mais néanmoins attachant, gagne très certainement à être mieux connu.

 

A vous de voir. 

 

S.P.A.B.

 

* Kurt Cobain – Montage of Heck. Durée : 2 h 25

Bande-annonce :  HYPERLINK "http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19552545&cfilm=234282.html" http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19552545&cfilm=234282.html 

 

[1] Kathleen Aubert, « Grunge », in Le siècle rebelle. Dictionnaire de la contestation au XXème siècle, sous la direction d’Emmanuel de Waresquiel, Larousse, 1999, p 250

 

[2] Littéralement : « salle entre les doigts de pieds »

 

[3] Jeans déchirés, chemise de bûcheron, cheveux longs mal peignés.     

 

Lundi 4 mai – 20 heures – Tarif unique 12 euros – Réservation à la caisse du cinéma