Bresse Chalonnaise

"On" a attenté aux jours d'un héron garde-boeufs, espèce pourtant aisément identifiable, et surtout protégée...

"On" a attenté aux jours d'un héron garde-boeufs, espèce pourtant aisément identifiable, et surtout protégée...

Depuis 1975 tous les hérons de France et de Navarre bénéficient d’un statut protecteur, ce qui leur confère une immunité indémontable. Or, en région chalonnaise un héron garde-bœufs a été dernièrement pris pour cible par un illustre inconnu. Fort heureusement pour lui, il est en train de recouvrer un état de santé physique digne de ce nom, grâce d’une part à l’A.O.M.S.L. (Association Ornithologique et Mammalogique de Saône-et-Loire), et d’autre part au Centre de soins Athénas (une association), situé dans le Jura, à L’Etoile.

Tout un stratagème pour se saisir du volatile

Le jeudi 14 janvier un adhérent de l’A.O.M.S.L. effectuait une balade d’oxygénation en bord de Saône à Saint-Loup-de-Varennes, en limite territoriale avec la commune de Varennes-le-Grand, n’aspirant qu’à l’observation des oiseaux. C’est alors qu’il repérait un héron garde-bœufs adulte sur le chemin de halage, diminué à cause d’une aile pendante. Prévenue, l’association devait dépêcher sur place ses deux permanents (Alexis Révillon et Samy Mezani). Et ceux-ci de se rendre compte qu’en l’état actuel des choses il fallait mettre des moyens techniques en œuvre pour solutionner le problème. D’où la décision d’aller récupérer le zodiac de l’association, et de s’en retourner sur les lieux, cette fois renforcés par Brigitte Grand, de l’E.P.O.B. (Etude et Protection des Oiseaux en Bourgogne, la fédération régionale des associations ornithologiques bourguignonnes). « Le héron était inatteignable, car la Saône se trouvait en crue. Brigitte empêchait le héron de trop revenir côté chemin de halage, il fallait qu’il reste dans l’arbre où il s’était installé. Quand on s’est approchés de lui, il s’est jeté à l’eau pour essayer de fuir. L’opération de capture a duré, tout compris, trois heures », détaille Alexis. Seule issue possible ensuite, l’acheminement jusqu’au Centre de soins.

 

Ne jamais baisser la pression didactique

« Je l’ai emmené à Athénas, qui après examen, a conclu à une blessure par plombs. L’échassier avait un trou circulaire dans l’aile droite. On le relâchera certainement là où on l’a trouvé », continue l’animateur&chargé d’études naturalistes, lequel notamment en a gros sur la patate. « C’est assez déprimant et déplorable que des hérons se fassent encore tirer dessus en 2016. Depuis quarante ans, on se dit que ce sont des choses acquises, et ça arrive encore ! Il faut sans cesse faire de la pédagogie. Cette espèce est encore récente en Saône-et-Loire, elle est rare en Bourgogne, et encore localisée. L’oiseau africain hiverne depuis 2010, et là, c’est le premier hiver où il y a une importante population : à peu près cent cinquante individus. Le héron garde-bœufs est assez attaché au pâturage, où il suit les bovins pour attraper les insectes, tandis qu’en hiver il s’adapte, capturant des rongeurs, des vers de terre… »

 

Entre de bonnes mains pour reprendre du poil de la bête

Abordé par voie téléphonique, Athénas –le seul Centre de sauvegarde de la faune sauvage de Bourgogne-Est-Franche-Comté- a donné des nouvelles rassurantes de l’un de ses protégés temporaires. « Il se porte bien. On lui a immobilisé l’aile touchée, et on le garde encore en observation pour voir comment ça évoluera au fil des jours. Nous n’avons par conséquent pas de date précise pour sa libération. »   

 

Dans l’optique d’un dépôt de plainte

Sans préjuger de quoi que ce soit, il n’en est pas moins vrai, supputation gratuite, que des nemrods pratiquent la chasse à la passée le long de la Saône…Désireuse de ne pas rester les bras ballants devant le fait accompli, et de refermer au plus vite la boîte de Pandore, l’A.O.M.S.L. a contacté l’O.N.C.F.S. (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage), en lui signifiant qu’elle porterait plainte. Affaire à suivre…

                                                                                        Michel Poiriault