Politique de gauche

A Tournus, Gérard Buatois sort de sa réserve

A Tournus, Gérard Buatois sort de sa  réserve

A la veille du vote du budget de la commune, prévu mardi 5 avril lors du prochain conseil municipal, Gérard Buatois, élu quatre fois conseiller général et une seule fois maire de Tournus, a décidé de donner son avis sur la gestion et les projets municipaux.

Barbe et crinière blanche en bataille, Gérard Buatois s'est tu pendant plus d'un an. Pour ce bavard, la retraite et la réserve paraissaient nécessaires. "J'ai été conseiller général de Tournus pendant quatre mandats. J'avais d'ailleurs fait mes adieux entre le troisième et le quatrième et je suis reparti pour un tour suite à la défection du candidat choisi par le PS". Maire de Tournus de 1991 à 1995, il a été premier adjoint de Roger Gautheron, le premier magistrat de la ville de 1977 à 1991, et a passé au total 18 ans  au conseil municipal. Il a travaillé avec Claude Roche sa dernière année d'exercice cantonal, en bonne entente, malgré leurs divergences de vue politiques. Depuis quelques mois, il est de plus en plus souvent alpagué par les Tournusiens qui, évidemment, lui demandent son avis sur les projets du maire et de la municipalité, quand il se balade. Jusqu'à aujourd'hui, le vétéran observait le remue-ménage de loin, en refusant poliment et savamment d'émettre un jugement.
 "Je m'exprime comme simple citoyen, avec une certaine expérience politique" précise-t-il. Il est récemment retourné au Consei Départemental, pour, comme d'autres conseillers généraux qui ont  traversé 18 années de mandat, (Gérard Buatois en cumule vingt-sept) recevoir une belle médaille et un titre de conseiller général honoraire. Il déplore les limites du canton actuel, redessiné avec Sennecey, "qui nous tire vers Chalon alors que ça ne correspond pas à l'histoire du canton". 
 

Gérard Buatois ne condamne pas en bloc tous les projets portés par l'actuel maire et son équipe. La démolition du Madeleine Palace ne le choque pas, et le plan de revitalisation du centre-ville le réjouit. Enfin, ce projet le réjouirait sans complexe si "faire dans le même temps une zone d'activités commerciales au Nord n'était pas une stupidité". II se dit un peu rassuré par le fait que le projet de salle multifonctionnelle ait été revu à la baisse lors du dernier CM mais attend davantage de détails. "Le premier projet me semblait délirant". L'ancien élu souhaiterait en tout cas, comme beaucoup d'habitants avoir davantage de précisions sur les projets présentés, qui lui paraissent "flous". Avec le recul d'un élu expérimenté, il déplore également que Claude Roche se soit mis rapidement à dos "onze maires ruraux sur douze" à la Communauté de communes du Tournugeois. "C'est assez inédit. Personnellement, je n'avais jamais vu ça !". Un peu comme le collectif La Palette et l'opposition actuelle à Claude Roche, le conseiller général honoraire attend de la municipaité et de l'équipe dirigeante en place des précisions, voire un recul sur quelques projets.

 

Florence Genestier
 
Le communiqué de Gérard Buatois sur les projets tournusiens

"Après la fin de mon mandat en mars 2015, j'ai souhaité prendre un peu de recul sur la vie municipale.

Le moment me semble venu de m'exprimer en tant qu'ancien conseiller général de ce canton et élu municipal de surcroît. Je vous rappelle que j'ai siégé pendant plus de 18 années que ce soit comme conseiller,  adjoint aux sports puis 1er adjoint et enfin maire… Ce qui m'autorise à donner mon sentiment sur la situation actuelle !

Les nombreux projets du maire ne semblent pas laisser la population indifférente. J'ai, ces derniers temps, fréquemment été interpellé par des personnes inquiètes et leurs préoccupations me semblent légitimes.

La démolition du Madeleine Palace, inesthétique et peu adapté aux exigences actuelles, se justifie d'autant qu'il sera remplacé par une résidence senior répondant à une demande réelle.

Par contre, son remplacement par un projet démesuré et coûteux à l'échelle de Tournus (1800 places assises !!!)  pour 5 à 6 millions d'euros ne me semble pas du tout raisonnable.

Heureusement, lors de la présentation du débat d'orientation budgétaire et sous la pression de certains élus et citoyens, une nouvelle mouture moins exagérée a été proposée. Malheureusement,  seul son prix de 3,5 millions d'euros a été annoncé sans plus de précisions !

Une salle de 5 à 700 places, modulable, conviendrait tout a fait aux besoins d'une petite ville de      6 000 habitants.

Par ailleurs, transférer notre cinéma municipal en dehors de la ville est tout a fait contestable car il contribue fortement à l'animation du centre ville et se trouve accessible aux personnes âgées et non motorisées, aux touristes fluviaux et aux clients de nos hôtels, tous situés au nord de la ville.

Il me semblerait plus judicieux de simplement le rénover car sa capacité actuelle correspond aux besoins de notre cité. Et surtout, cette rénovation reviendrait bien moins cher qu'un déménagement et une reconstruction à neuf.

D'autant que le coût de sa démolition ainsi que celui de la remise en état du passage Cadot ont  été chiffré  trop modestement !

La remise en fonction de ce passage que seuls de vieux tournusiens ont connu (j'y ai fait du patin à roulettes il y a 70 ans...), est d'un intérêt douteux compte tenu de sa faible largeur qui exclut l'installation de « galleria »à l'italienne .

Le projet de revitalisation du centre ville est par contre intéressant car  soutenu par des fonds d'état. Il correspond tout à fait à un besoin permettant d'enrayer la désertification et la fermeture accélérée des commerces.

Hélas,  le projet d'implantation d'une zone commerciale nord est tout à fait incohérent et nuisible ! En effet, l'arrivée d'une grande surface et de magasins de marques ne peut qu’amplifier la décadence de notre centre ville tout en mettant en péril l’équilibre financier d'au moins une de nos grandes surfaces actuelles.

En dehors de nos magasins de détails encore actifs, notre ville bénéficie de 4 grandes surfaces parfaitement adaptées à notre zone de chalandise.

Ce dont nous avons besoin c'est au contraire d'une zone industrielle aménagée par la ville et pouvant accueillir des entreprises de petite taille avec un prix du M2 que nous maîtriserions plutôt que de tout abandonner au secteur privé.

Voilà ce qu'un ancien élu, maire de surcroît avait envie de dire tranquillement sans mépriser ceux qui se sont succédés à la tête de notre ville et qui ont tous essayé d'apporter leur pierre à l'édifice.  Je ne supporte pas d’entendre dire que rien ne s'est fait avant l'arrivée de Claude Roche et j'appelle à un peu plus de considération et de modestie.

Mon collègue, Jean Legros a laissé des finances exceptionnellement saines et une ville désendettée.

Je m'interroge sur notre situation à la fin de ce mandat et m'inquiète pour les générations futures."