Economie
Sabine Prévotat fait vivre le monde merveilleux de Luce Lucette
Publié le 30 Juin 2017 à 09h28
Poursuivant sa série de portraits 'nos créateurs ont du talent', info-chalon.com est allé à la rencontre de Sabine Prévotat. Après un cursus en Arts Plastiques et en Arts Appliqués, elle devient infographiste à Paris puis c'est le retour aux sources, direction la Bourgogne, Moroges plus précisément, où elle donne vie à une jolie ménagerie tout en motifs et en couleurs.
Vous aimez votre Bourgogne natale et cela se sent...
Oui, en effet, je suis née à Nevers et je me sens pleinement bourguignonne ! J’aime cette campagne vallonnée, les bocages, les vaches dans les prés… et j’aime les fleuves. Nous habitions au pied de cette Loire tumultueuse et sauvage. Nous avons déménagé sur Rouen suite à la mutation de mon père lorsque j’avais 13 ans.
Comment vous êtes-vous retrouvée infographiste à Paris ?
Suite à une année aux Beaux-Arts de Rouen, enseignement qui ne m'a pas plu, je me suis orientée vers les Arts Appliqués. J’ai fait un BTS d’Arts Céramiques à l’ENSAAMA (Oliviers de Serre) à Paris, suivi d’une année « officieuse » au sein des locaux durant laquelle j’ai approfondi la technique du neiriage (mélange de terres colorées). Puis, je me suis lancée dans le grand bain des recherches d’emplois. Mais le domaine industriel de la céramique n’était pas très ouvert à ce moment-là (et encore moins aujourd’hui, j’imagine !). Je me suis donc réorientée assez rapidement. Une formation en infographie 2D et 3D était proposée aux demandeurs d’emploi au GRETA de Dijon. Mes parents étant revenus dans la région, à St-Martin-sous-Montaigu, j’ai passé le concours. J’ai été prise. J’ai eu mon « diplôme » 9 mois après, puis j’ai postulé sur la région de Rouen et de Paris. J’ai eu la chance de tomber sur une agence de communication dans le 10ème arrondissement, 'Logicone', qui cherchait des infographistes avec un bagage artistique. Je rentrais tout à fait dans le moule ! Me voilà donc à 24 ans infographiste et parisienne : le rêve ! Le temps de déchanter et de vouloir des enfants… D'où le retour en Bourgogne... Besoin de retour à la nature, de me ressourcer. Mon compagnon, ses études en informatique terminées, a trouvé très facilement un emploi à Chalon-sur-Saône, à l‘aube de l’année 2000 et du grand bug informatique qui devait s’ensuivre. Notre fille aînée est née à Chalon en 1999.
Pourquoi vous êtes-vous orientée vers la création d'objets en tissu ?
J’aime le beau et l’inutile… J’ai toujours fabriqué des choses avec mes mains : poterie, dessins, bijoux en pâte polymère, laine piquée. J’ai aussi fait de la décoration à froid sur céramique. Avec mes enfants, je me suis éclatée à faire de la pâte à sel, du papier mâché, des stop-motion, puis plus tard, à organiser des interventions au sein de l’école ou avec les enfants du hameau : modelage, marionnettes. Toutes les occasions étaient bonnes ! Mais au départ, j’étais persuadée que j’ouvrirais un atelier de potière et que j’exercerais mon métier de cœur. Mais qu’est-ce qui se passe dans nos vies ? Pourquoi changeons-nous d’idées, d’envies ? Je ne savais pas coudre et ça ne m’intéressait pas. Mais mon goût pour la création et aussi un peu d’anticonformisme, je pense, m’ont poussée à agir lorsqu’au carnaval de l’école j’ai vu toutes ces petites filles en robes de princesses rose bonbon satiné et ces garçons en "spiderman" tous pareils. Comme je n’y connaissais rien, je n’ai pas eu peur de me lancer. C’est ainsi que je me suis mise à la couture, d’abord en confectionnant des déguisements pour mes trois enfants ainsi que les nôtres, puis j’ai enchaîné sur les objets de décoration, car comme je vous le disais, j’aime ce qui ne sert à rien, si ce n’est vous emmener ailleurs. Ce qui m’intéresse aussi, mais ça c’est dans la création en général, c’est que l’on ne s’arrête jamais dans l’apprentissage, il y a toujours des techniques à apprendre, un coup de main à acquérir, une évolution dans le travail, mille portes qui s’ouvrent à nous si on creuse un peu et ça c’est merveilleux. Cela apporte tellement de richesses ! Le savoir-faire… ça fait rêver !
Qu’est-ce qui vous inspire ?
Je pense que je suis très proche de la nature et des animaux. J’aime aussi les mythes, les histoires et les contes. Nous n’avons pas la télé et je pense que je me suis autant nourrie que mes enfants des histoires que nous leur avons lues… J’aime aussi l’humour qui peut transparaître dans une mise en scène : une conserve de sardines avec un chat bedonnant et des arrêtes de poisson. Il faut que je donne vie à mes histoires et que je fabrique du contenu. Je récupère pas mal de choses dans la nature, en me disant que ça pourra toujours me servir, une branche avec un coude particulier, du bois flotté, du roseau… et des boîtes de conserve ! Les tissus sont aussi une forte source d’inspiration. J’achète parfois certains tissus en voyant parfaitement ce que je vais en faire. Mon entourage me fait aussi des dons et parfois, c’est un vrai déclic !
Pourquoi ce nom de Luce Lucette ?
J’avais déjà monté un atelier en micro-entreprise que j’avais nommé « l’atelier du Mont Avril » puisque notre maison est au pied de ce mont à Cercot (Moroges). C’était lorsque je fabriquais des bijoux en pâte polymère, mais je n’étais pas à fond dans cette activité. Quand je me suis vraiment décidée à développer mon activité et à vivre de mes passions, il me fallait un nom, disons, plus personnel. Ma grand-mère paternelle ne m’a jamais connue, elle est morte d’une leucémie avant que je ne naisse. Elle s’appelait Lucette. C’est mon deuxième prénom, ainsi que celui de mes cousines et de ma fille aînée. La lucette est aussi le nom de l’ancêtre du tricotin. Lorsque j’étais en BTS, une autre fille s’appelait Sabine et,comme nous devions marquer notre matériel à notre nom, je gravais Luce dans les manches en bois de mes outils. Luce Lucette, c’est moi !
Des projets à venir ?
Des projets, nous en avons tout le temps ! D’autres boutiques éphémères sûrement. L’amitié est un très bon moteur pour aller de l’avant ! Et j’en profite pour remercier encore une fois mes amies Blandine et Sophie. Outre des projets en commun, j’ai des partenariats avec la boutique du Grand Site de Solutré (avec des objets dédiés à la préhistoire, à la nature), certains offices de tourisme (Buxy, Autun, Cluny…).Un beau projet aussi avec le Tour du Monde en Épices : faire leurs 2 mascottes, Ty et Burgundy, un perroquet et un escargot, pour leur gamme de rhum arrangé : petites mascottes qui habilleront leurs bouteilles « cuvée prestige » ! Et je remercie également tous ces professionnels d’avoir fait appel à moi et de me faire confiance.
Vous pouvez admirer le travail de Sabine Prévotat à la Boutique éphémère 'L'Eté Créateur', 1 rue Pasteur à Chalon-sur-Saône, jusqu'au 9 août.
Pour en savoir plus : http://luce-lucette.tumblr.com https://www.etsy.com/fr/shop/LuceLucette
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