Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - II menaçait sa femme avec un fusil chargé...

TRIBUNAL DE CHALON - II menaçait sa femme avec un fusil chargé...

C’est un ancien parachutiste qui comparaît libre à l’audience des comparutions immédiates de ce lundi 22 juin pour violence sur sa femme et ses filles. Ça fait un an qu’il estime que sa femme se fiche de lui. En réalité elle a un nouvel amoureux mais la séparation avec son époux hoquète et le 11 mai dernier la crise s’est muée en une scène plutôt hystérique et violente, en effet.

La vie personnelle est rarement simple, elle est l'endroit privilégié où nous butons sur nos propres difficultés, nos limites, etc. La vie professionnelle, si elle n’est pas toujours simple, reste tout de même toujours plus évidente (parce que cadrée, bornée, et plus distanciable, en général) que ce lieu où se frottent et parfois se cognent les intériorités. Démonstration à répétition ce lundi où le rôle ne porte que des affaires de violences sur conjoint, démonstration particulière chez cette famille qui vit en Bresse.

La menace de suicide comme moyen de pression

Lui, il ne travaille plus, handicapé par des hernies discales qui lui imposent l’aide d’une béquille. Il n’a qu’une condamnation à son casier : une CRPC (comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité) en 2019 pour détention d’arme non déclarée. Ça lui vaut d’être en état de récidive légale puisqu’il a, sous le coup de la colère, et sans plus de mots pour dire sa saturation, saisi son fusil le 11 mai, alors que sa femme et ses filles étaient venus chez lui. Sa femme voulait finaliser des modalités de leur séparation. Mais il ne veut pas de cette séparation, et il est très blessé qu’elle soit avec un autre. Il use de sa cartouche de dernier recours : la menace de suicide.

Il met deux cartouches dans le fusil

Visiblement il en use régulièrement, sa femme dit qu’elle a vécu 25 ans dans la crainte qu’il arrive quelque chose. Il a quitté le corps des parachutistes en 1994 pour connaître un autre feu, personnel et intime, celui-là, malgré le bonheur et la fierté de devenir père. Le 11 mai il veut que sa femme revienne, elle ne veut pas, il prend son nouveau fusil, pas davantage déclaré que le précédent, va le charger dans la cuisine, car deux cartouches sont posées à côté du four. Panique à bord, ses filles et sa femme se précipitent, s’ensuit une petite mêlée au cours de laquelle madame prend un coup de crosse sur le crâne.

« Ne peut-on imaginer un geste commis dans un contexte où vous étiez désespéré ? »

Les gendarmes trouveront les deux filles (une majeure, une mineure) réfugiées dans la cour de l’école du village, en chaussettes, et le tribunal doit démêler les faits objectifs du reste, le climat et les comportements de part et d’autre sont toxiques. Le prévenu conteste avoir été violent, mais « je regrette d’avoir pris le fusil ». Il soutient qu’il n’a pas pointé l’arme sur sa femme et ses filles. « Ne peut-on imaginer un geste commis dans un contexte où vous étiez désespéré ? » l’interroge la présidente Catala. « Non. » Une de ses filles, présente et qui ne veut plus se constituer partie civile, soutient mordicus qu’elle a eu peur pour lui, pas pour elle.

« Lisez les SMS que madame envoie, si ce n’est pas de la manipulation, qu’est-ce que c’est ? »

« Les faits sont constitués, plaide maître Leray pour madame. Monsieur ne va pas bien, on le comprend, mais il est en colère contre madame et le lui fait payer. Il a un comportement culpabilisant, et violent : l’arme était chargée et il sait viser. » L’avocate demande une interdiction de contact pour madame.  La procureur requiert 6 mois de prison dont 3 mois seraient assortis d’un sursis probatoire de 2 ans. « De toute façon, plaide maître Maréchal, ce couple doit se séparer, mais vous avez 4 versions différentes des faits. On vous dit qu’il courait ? Il ne peut pas courir.  Et puis, lisez les SMS que madame envoie, si ce n’est pas de la manipulation, qu’est-ce que c’est ? »

Deux ans sous main de justice

Le prévenu, âgé de 46 ans, est reconnu coupable et condamné à une peine de 5 mois de prison entièrement assortis d’un sursis probatoire de 2 ans, avec l’obligation de poursuivre des soins psychologiques dont lui-même dit avoir besoin, et l’interdiction de tout contact avec madame, ainsi que de paraître à son domicile. Le tribunal ordonne l’exécution provisoire : ces mesures prennent effet immédiatement. Enfin, interdiction de détenir une arme pendant 2 ans. Il faudra trouver une autre solution contre les ragondins, et une autre porte de sortie à la souffrance qui le mine.

Florence Saint-Arroman