Chalon sur Saône
Les oubliés du Ségur en ont marre de «l'enfumage»
Par Karim BOUAKLINE-VENEGAS AL GHARNATI
Publié le 31 Mai 2022 à 23h15
Depuis plus de 20 ans, les salariés du secteur social et médico-social du privé n'ont fait que perdre du pouvoir d'achat (estimé à plus de 30%) du fait de la non-revalorisation des salaires. En dépit des annonces, tous n'ont pas reçu la prime de revalorisation de 183 euros nets par mois accordée par le Ségur de la santé de juillet 2020. Pour ceux du privé, l'enfumage continue. Plus de détails avec Info Chalon.
Contrairement à leurs homologues du secteur public, tous les personnels du secteur social et du médico-social n'ont pas reçu cette prime de revalorisation dans le privé.
«Le gouvernement se rappelle que nous sommes électeurs et met en place une prime et non pas une revalorisation salariale comme il le dit. Nous, nous demandons une véritable revalorisation salariale de 300 euros pour toutes les catégories du social et du médico-social», nous explique Céline Cuenot, déléguée syndicale CGT de la Sauvegarde 71.
Pour la CGT Action Sociale, ce deux poids, deux mesures entre les salariés du public et du privé creuse un peu des disparités que d'aucuns jugent dommageables voire destructrices pour le privé.
Cette prime de 183 euros ne s'adresse pas à tous les professionnels du secteur et exclue encore les assistantes familliales, les personnels administratifs, les personnels techniques, les services généraux, enseignants, etc.
Pour Céline, cette prime ne correspond même pas au rattrapage de la perte du pouvoir d'achat des salariés du secteur.
«Ne nous trompons pas... la CGT revendique avant tout une revalorisation des salaires de 300 euros nets et pas une prime temporaire !», ajoute la déléguée syndicale.
La mise en œuvre de ce qui est considérée par le syndicat ni plus ni moins comme «une revalorisation en trompe-l'œil, une prime conditionnée à de nombreux préalables, notamment celui d'être à 50% dans l'accompagnement socio-éducatif, et soumise au bon vouloir des financeurs».
Pointant lui aussi du doigt «la casse de la convention collective», Martial Petit, délégué syndical de l'AMEC et membre de l'US Santé CGT, dénonce les syndicaux patronaux.
Il nous rappele que dans les professions de petites mains, les salaires sont souvent inférieurs au SMIC et que cette mise en concurrence «sciemment orchestrée» va décimer les rangs du privé.
«Nous avons déjà une attractivité faible mais si rien est fait, plus personne ne travaillera dans le privé», prévient Franck Bazin, délégué syndical de la Mutualité Française.
Pour mémoire, la CGT, FO et Sud refusent les conditions de paupérisation que leur impose la Nexem, la principale organisation professionnelle des employeurs associatifs du secteur social, médico-social et sanitaire.
À noter que les salariés évoluant dans le secteur social, médico-social et sanitaire représentent 1,7 millions de personnes.
Et au-delà de ces annonces, l'ensemble des professionnels partout sur le territoire continuent de dénoncer des conditions de travail dégradées, les mettant à mal et ayant un fort impact sur la population.
La preuve par l'exemple, l'AMEC avait une psychologue au niveau de l'hébergement et de l'ESAT qui voulait augmenter son temps de travail. Faute de réponse, celle-ci s'en est allé aux PEP 71.
Conséquences de son départ : une surcharge de travail supplémentaire pour les salariés de l'IME entraînant un inconfort de travail, un mal-être et une dégradation significative des conditions de travail.
Le secteur privé fait face à une crise des vocations. Une situation qui pousse certains employeurs à avoir recours à des retraités comme cuisinier à la Mutualité Française, des veilleurs de nuit à l'AMEC, une infirmière et un éducateur spécialisé pour la Sauvegarde 71.
«Une des clés de la réussité, c'est la stabilité», précise Franck Bazin.
Pour la CGT Action Sociale, le secteur social et médico-social ne doit plus souffrir davantage du manque d'attractivité volontairement entretenu, des suppressions de postes et des fermetures de dispositifs d'accueil et d'accompagnement.
«Nous interpellons nos employeurs ainsi que le gouvernement et exigeons une revalorisation immédiate et significative des salaires sans contrepartie, des recrutements massifs et pérennes dans l'ensemble des services et un accès universel aux droits fondamentaux pour les publics accueillis», ajoute Céline Cuénot.
L'UL de la CGT tiendra son congrès annuel le jeudi 2 et vendredi 3 juin 2022 à la Maison des Syndicats de Chalon-sur-Saône.
Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati
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