Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - « Vous êtes très prompt à vouloir faire soigner madame, commencez donc par vous-même »

Par Florence SAINT-ARROMAN

Publié le 15 Septembre 2022 à 20h53

TRIBUNAL DE CHALON - « Vous êtes très prompt à vouloir faire soigner madame, commencez donc par vous-même »

« Je ne me sentais pas ivre. Mes affaires de travail étaient chez elle. Je ne comprenais pas pourquoi elle ne voulait pas me laisser entrer. ... Et je ne sais pas ce qui m’a pris. »

Il ne sait pas ce qui lui a pris, pourtant ça l’a déjà pris plusieurs fois, son casier judiciaire en témoigne. Ce dimanche 11 septembre, c’est la BAC qui intervient. La victime est en bas de l’immeuble. Les policiers arrêtent monsieur très rapidement, dans la rue. L’homme est né en 1981 à Chalon, il travaille en intérim. Madame est sa compagne depuis quelques années, ils ont un enfant âgé de 15 mois. Son père est placé en détention provisoire au sortir de sa garde à vue, il est jugé ce jeudi 15 septembre selon la procédure de comparution immédiate. 

Castration (au sens figuré, hein) à l’audience : il arrête de faire le malheureux (ce qui n’empêche nullement qu’il le soit par ailleurs, malheureux)

« Je ne pensais pas rechuter comme ça. Je pensais maîtriser mes émotions. » Le prévenu pourtant geint beaucoup à l’audience, manifeste fort des émotions, qu’elles soient réelles ou feintes. « Vous êtes très prompt à vouloir faire soigner madame, commencez donc par vous-même », lui jette la vice-procureur, en conclusion d’une charge qui a pour effet d’assécher les manifestations plaintives du prévenu. 

L’enfant victime des violences, du seul fait d’y assister 

Ce dimanche il avait donc un peu bu (alcoolémie de 0,54 gramme) et madame préfère  que monsieur reste chez ses parents, mais il insiste, finit par lui arracher son sac et lui chipe ses clés, elle tient leur fils dans ses bras. Une fois à l’appartement il tente d’ouvrir en vain un Opinel, puis saisit un couteau de cuisine, elle tente de le désarmer, s’en blesse les mains. Il lui met un coup de tête, lui ouvre l’arcade sourcilière. Elle aura 6 points de suture et 10 jours d’ITT. Pendant tout ce temps, petit spectateur impuissant : l’enfant, 15 mois. 

Il charge la victime 

A l’audience l’auteur de l’agression déporte donc sur la mère de son fils des tas de griefs, tortillant un peu qu’il ne voudrait pas qu’on leur enlève leur fils mais que bon, allez, y a pas le choix, faut le dire : sa mère se drogue, etc. Les magistrats le recadrent. C’est pas le sujet, d’autant moins que madame en a parlé, de ce passé, elle dit prendre un médicament de substitution. 
Outre son casier judiciaire (5 mentions dont 3 pour des violences, deux d’entre elles contre son ancienne conjointe), on note que la police s’est déplacée 3 fois au domicile du nouveau couple qu’il a formé, a déjà emmené le prévenu en cellule de dégrisement.

« Monsieur n’est pas impulsif, il est violent »

Maître Massard demande des dommages et intérêts pour la victime et une interdiction de tout contact. Madame Saenz-Cobo, procureur, requiert une peine de 3 ans de prison dont 6 mois seraient assortis d’un sursis probatoire, maintien en détention pour la partie ferme. « Monsieur n’est ni émotif, ni impulsif : il est violent. » 

Pensée pour l’enfant

« Une voisine témoigne que monsieur est calme et poli », tâche de tempérer maître Bernard, qui plaide en faveur d’une détention à domicile du prévenu, chez ses parents qui sont dans la salle, et dont la mère manifeste à plusieurs reprises son indignation (en faveur de son fils). 
Quel tripot insensé. L’ombre d’un tout petit enfant, encore un nourrisson, plane sur cette audience.

18 mois ferme, maintien en détention 

Le tribunal déclare le prévenu coupable et le condamne à la peine de 30 mois de prison dont 12 mois sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans. Obligation de soins psychologiques et en addictologie, obligation d’indemniser la victime, interdiction de tout contact avec elle. Le tribunal ordonne son martin en détention pour les 18 mois ferme. 

FSA