Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - harcèlement et menaces de mort sur femme et enfants

Par Florence SAINT-ARROMAN

Publié le 29 Septembre 2022 à 20h32

TRIBUNAL DE CHALON - harcèlement et menaces de mort sur femme et enfants

Un bon gars. Il parle de lui-même ainsi, il dit aussi qu’il est « pur ». Alors, à supposer que quiconque puisse l’être, pur, ce qu’on entend à l’audience de comparution immédiate de ce jeudi 29 septembre interroge le sens de ce mot pour le prévenu.

Il est tunisien, en situation régulière. Il a épousé une de ses cousines, ils ont eu trois enfants. Il a un casier. 6 mentions dont 4 pour des faits liés aux stupéfiants. Le 30 juillet 2020 il est condamné pour des violences sur sa femme et des menaces de mort contre femme et enfants. Il purge la partie ferme de sa peine au centre pénitentiaire (où tout le monde l’aime, dit-il, parce qu’il est un gars « comme ça » - pouce en l’air), puis il sort, en avril 2021, reprend immédiatement contact avec sa femme malgré l’interdiction. Et la situation se dégrade au point qu’il est jugé, en état de récidive, ce jeudi, pour harcèlement et menaces de mort, de juillet 2022 à août 2022.

La panoplie du nice guy

Il commence par rôder vers chez sa femme, rapporte la présidente Catala pour les juges assesseurs qui ne connaissent rien du dossier, puis il répète des propos menaçants contre elle et ses enfants. Madame « le croise partout et tout le temps ». Il fait les gestes de l’égorger, ou de l’étrangler, ou de la décapiter. La panoplie du nice guy. 
Un médecin relève « un état d’anxiété constante » chez la mère et les trois enfants. Deux d’entre eux limitent leurs sorties, la troisième ne sort plus. Elle se sentirait en sécurité que son père soit en prison. 

GAV et excréments

Pendant sa garde à vue le prévenu va emm... au sens propre, les cellules, et forcément les policiers, puisqu’il rend l’endroit impropre à y placer qui que ce soit. Il défèque dans la première, parce qu’il avait « peur aux toilettes ». On le met dans une cellule avec toilettes (celle dédiée quand c’est possible aux dégrisements, au cas où envie de vomir - faut pas croire que ça soit cool là-bas, ndla -), il remet ça. Les étrons d’un homme « pur » sont-ils purs ? Pas besoin d’aller faire un sondage au poste du commissariat : la réponse est « non ». Ces pratiques odorantes et dégueu visent moins à emm.... les policiers qu’à se faire passer pour maboul, mais ça ne prend pas.

Expertise

Ça prend d’autant moins qu’il rencontre un éminent psychiatre devenu expert devant les tribunaux et la cour d’assises. Le docteur Canterino est clair : pas d’abolition ni même d’altération du discernement chez cet homme âgé de 35 ans, mais en revanche une personnalité de type manipulateur et dyssocial. Ça, plus des addictions (cannabis, Subutex à une dose importante) et des réponses dilatoires qui favorisent tous ses dénis : le psychiatre ne trouve pas de facteurs favorables chez ce monsieur, au jour de l’expertise. 

« C’est moi qui suis victime »

Commentaire du prévenu sur le rapport d’expertise : « Personne ne décide. Y a que Dieu qui décide. Je suis un bon gars. » Commentaire sur les faits : « C’est moi qui suis victime. » Commentaire sur le témoignage d’une amie de sa femme : « Ce sont deux putes. Moi président, elles vont aller en prison. » Commentaire sur la décision de justice de 2020 : « Je suis pur. Je ne comprends pas que la France m’empêche de voir mes enfants, c’est grâce à moi qu’ils sont là. » Sur les auditions de ses enfants : « C’est les paroles de leur mère. » Sur la mère en question : « Mon ex-femme est une grosse menteuse. » Sur la vie rêvée des anges : « Si j’avais un grand avocat, je serais libérable. »

« Monsieur peut se boucher les oreilles, il sait que c’est vrai »

« Un bon gars ? Non. » Maître Lamain intervient pour la mère et les enfants. « Monsieur est extrêmement dangereux. » L’avocate suggère un retrait de l’autorité parentale, une interdiction de la ville de Chalon. « Il ne supportait pas que madame travaille. » 
Cyrielle Girard-Berthet, substitut du procureur, refait le tableau. « Ses enfants sont jeunes, il leur fait des doigts d’honneur, il mime l’égorgement. » Le prévenu grommelle, « n’importe quoi, c’est n’importe quoi ! » et plaque ses mains sur ses oreilles. « Monsieur peut se boucher les oreilles, il sait que c’est vrai. » Elle requiert la peine de 2 ans de prison et la révocation du sursis de 6 mois, avec maintien en détention.
La part difficile revient à maître Sarikan. Son client conteste tout… L’avocat plaide sur les qualifications pénales, « même si on voit le comportement de monsieur ».

30 mois en prison, retrait de l’autorité parentale, 
interdiction de paraître en Saône-et-Loire

Le tribunal dit cet homme coupable, et le condamne à la peine de 36 mois de prison dont 12 mois sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans, avec obligeant de soins psychologiques ou psychiatriques, interdiction de contact avec toutes les victimes ainsi que de paraître tant à leurs domiciles que dans le département de Saône-et-Loire. Maintien en détention pour les 24 mois ferme.
En outre le tribunal révoque totalement le sursis de 6 mois de 2020, ordonne l’incarcération immédiate. 
Enfin le tribunal ordonne le retrait de l’autorité parentale sur les trois enfants, mineurs, et fixe des dommages et intérêts pour la mère et chaque enfant. 

FSA