Faits divers

Trafic de stupéfiants : presque 10 kg de cocaïne sous le levier de vitesse de la Mercedes

Trafic de stupéfiants : presque 10 kg de cocaïne sous le levier de vitesse de la Mercedes

« Je savais que j’avais 8 paquets, je savais que c’était pas légal, mais je ne savais pas ce qu’il y avait dedans. » Eh bien c’était de la cocaïne. 9 kilos et 560 grammes, très exactement.

Le 27 avril dernier, vers minuit sur l’A6, des douaniers ordonnent à une Mercedes de se rabattre sur l’aire de Jugy. Palpation de sécurité puis examen du véhicule : sous le levier de vitesse, des traces de mastic noir. Les douaniers prennent alors la perceuse et démontent la zone : 8 pains de drogue y sont parfaitement dissimulés. 

Le conducteur, un jeune albanais en France depuis ses 15 ans (qui n’a donc pas besoin d’interprète) est arrêté. Il est placé en détention provisoire le 30 avril. Il est jugé ce lundi 22 mai selon la procédure de comparution à délai différé, le temps que des échantillons du produit soient analysés. « De bons produits, relèvera le président Morelière. Entre 80 et 87 % de pureté de la cocaïne ». 

« Un bon profil » dit son avocat

Cette audience stups-douanes diffère un peu des autres par le profil du prévenu - « Celui-là a un bon profil » plaidera maître Esteve -. Que dit-il ? « Je suis arrivé vers 15 ans en France. En Albanie j’ai grandi dans la pauvreté. J’ai suivi l’école (il a un CAP), j’ai fait du sport, et je travaille. » Il vit à Arras, travaille dans un tacos. « Avec mon employeur on a grandi dans le même foyer, on se fait confiance. » Il n’a de casier ni en France, ni en Albanie. 

Refuse de donner son code de déverrouillage aux enquêteurs 

Alors quoi ? « C’est moi qui ai pris contact, par besoin. Et par l’ami d’un ami d’un ami albanais, ça c’est fait en 24 heures. Trop vite pour moi, car j’attendais la validation de mon permis (permis qui n’a plus aucun point et qu’il devait restituer). Je voulais attendre un peu, c’est là que j’ai eu des menaces. » C’est sans doute pour ça qu’il refuse aux gendarmes enquêteurs de donner le code de déverrouillage de son smartphone (autre infraction reprochée). 

« Les douanes ont eu une info »

Le prévenu soutient donc n’avoir pas acheté la drogue, en avoir sollicité le transport pour 3500 euros. « J’étais présent au chargement. » À Lille, donc. C’est qu’il ralliait Lille à Grenoble, « c’est ça la vraie version ». La « fausse version » livrée aux douaniers c’est qu’il partait pour l’Albanie voir ses parents, il avait même trois valises de vêtements dans le coffre à l’appui de cette histoire. Allez savoir. Il n’a donc pas payé son chargement, et « la garantie » qu’il ne fuira pas avec c’est sa famille, en Albanie, contre laquelle les trafiquants se retourneraient. Il ne pensait pas qu’il se ferait attraper. « Les douanes ont eu une info, affirme maître Esteve. C’est avec ça qu’on intervient mais on ne le dit pas. »

Réquisitions et éléments de plaidoirie 

Il n’a rien payé, dit-il. On veut le croire : il transportait pour 621 400 euros de drogue (en mettant le gramme à 65 euros), estiment les douanes ainsi que le procureur. Charles Prost requiert une peine de 3 ans de prison avec maintien en détention, une interdiction du territoire français (ITF) pendant 10 ans, la confiscation du véhicule (tout percé), et l’amende réclamée par les douanes. « On ne peut lui reprocher que le transport et la détention », répond maître Esteve qui insiste sur l’insertion de son client, sur ses casiers néants, « il n’est qu’un pion, qu’un mulet, et pendant ce temps les donneurs d’ordre dorment tranquilles ».

Décision 4 ans dont 2 avec sursis et 10 ans d’ITF

Le tribunal rejette les moyens de nullités soulevés par l’avocat, relaxe le prévenu pour le chef d’acquisition, le condamne pour le surplus à la peine de 4 ans de prison dont 2 ans sont assortis d’un sursis simple. Ordonne son maintien en détention. Le condamne à une ITF de 10 ans, annule son permis et lui interdit de le repasser avant 2 années. 
Le condamne à une amende douanière d’un montant de 621 400 euros.

« Une libération-expulsion »

« Vous pourrez demander, à mi-peine, une libération-expulsion » lui dit le président. « J’ai trahi mon parcours, disait le jeune homme pendant l’audience, et j’ai trahi la France qui m’avait donné une seconde chance. » 

FSA