Cinéma

CINEMA A CHALON - La chambre bleue, de Mathieu Amalric

CINEMA A CHALON -  La chambre bleue, de Mathieu Amalric

Après avoir enchaîné les rôles marquants dans plusieurs films de bonne facture – Jimmy P. (psychothérapie d’un Indien des plaines) [1], La vénus à la fourrure [2] –, Mathieu Amalric revient dans les salles obscures avec un film qu’il a lui-même réalisé cette fois-ci : La chambre bleue [3]. Le sentiment d’Info-Chalon.

« …Avec le temps…on n’aime plus ». C’est ainsi que le regretté Léo Ferré concluait, avec nostalgie, l’une de ses plus célèbres chansons.

Avec le temps, n’aime-t-on plus ? Une chose est relativement sûre : si l’on prend l’œuvre de Georges Simenon, le succès que cette dernière a connu n’est, d’une certaine façon, plus guère qu’un (lointain) souvenir. Et si l’on trouve encore des lecteurs pour aimer les romans de l’écrivain d’origine belge, ils sont de moins en moins nombreux. En d’autres termes, avec le temps, on n’aime plus Georges Simenon. Plus exactement : on ne le lit plus.

Faut-il le regretter ? Père du célèbre commissaire Maigret, Georges Simenon est souvent considéré, à tort, comme un auteur de romans policiers, au même titre que la mère d’Hercule Poirot (Agatha Christie) ou le créateur de Sherlock Holmes (Sir Arthur Conan Doyle). Aussi voit-on dans ses livres ce que d’aucuns qualifieraient de « romans de gare » : des bouquins sans importance, qu’on acquiert et lit surtout pour tuer le temps qui nous sépare de l’arrivée du train devant nous transporter de Chalon-sur-Saône à Lyon-Part-Dieu. Or, c’est bien dommage. En effet, c’est oublier que, chez Simenon, l’enquête policière relative à un homicide plus ou moins louche n’est jamais qu’un prétexte. Un prétexte permettant à l’écrivain de mettre à nu, avec un talent inégalable, les tensions qui peuvent travailler un milieu social. Un prétexte lui permettant de brosser avec une exquise finesse les portraits de personnages à la psychologie complexe, parfois torturée. Des femmes et des hommes qui, lorsque l’on y réfléchit bien, sont notre lot quotidien. Autrement dit, on perd beaucoup à ne plus lire Georges Simenon : on se prive d’un regard sans pareil sur le fascinant marigot des humains.

Fort heureusement, il se trouve encore des réalisateurs de cinéma pour mesurer ce que peut apporter aux abonnés des salles obscures l’acuité d’un œil aussi pénétrant que l’était celui de Georges Simenon. Et sans doute devrait-on remercier Mathieu Amalric d’avoir exhumé l’un des romans les plus troublants de l’auteur du Chat, Pedigree ou encore L’horloger de Saint-Paul. En effet, si son adaptation de La chambre bleue, roman « cru, dur, sexué » [4], divise la critique, au moins celle-ci a-t-elle le mérite de remettre au goût du jour un écrivain dont on gagnerait à relire le roman. Ne serait-ce que pour juger sur pièces si le film qu’en a tiré Amalric était digne de l’œuvre de Georges Simenon. En effet, si, du côté de l’équipe d’Info-Chalon, on a plutôt bien aimé ce que le réalisateur de Tournée en a fait, c’est encore le spectateur qui est le mieux à même de dire si, oui ou non, cette histoire d’adultère qui finit mal, valait la peine que l’on se déplace jusqu’à l’Axel.

 

S.P.A.B.

[1] Voir l’article d’Info-Chalon :

http://www.info-chalon.com/articles/chalon-sur-saone/2013/09/14/2147-le-dernier-film-d-arnaud-desplechin-a-decouvrir-absolument.html

[2] Voir l’article d’Info-Chalon :

http://www.info-chalon.com/articles/cinema/2013/12/01/3593--la-venus-a-la-fourrure-un-huis-clos-original-a-voir-en-ce-moment-aux-5-nefs.html

[3] 2014. Durée : 1 h 15

Bande-annonce :

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19545096&cfilm=221180.html

[4] Pierre