Chalon dans la rue

Au Parking Lapray, la Compagnie Marzouk Machine ausculte un concept qui n'existe pas dans la nature : le travail

Au Parking Lapray, la Compagnie Marzouk Machine ausculte un concept qui n'existe pas dans la nature : le travail

Le festival de Chalon dans la rue a commencé. Que voir ? Info-Chalon a traîné ses guêtres un peu partout durant toute la journée de mercredi pour détecter ce qui mérite certainement l'attention de ses lecteurs. Il est revenu avec une recommandation : celle d'aller voir "Tripalium", de la Compagnie Marzouk Machine.

Mercredi 20 juillet. 13 h 35

Votre serviteur d’Info-Chalon.com reçoit un appel de l’un de ses précieux indics, que l’on appellera « Joli Loulou », pour préserver son anonymat.

- « Salut ! Ça va ? Tu couvres Chalon dans la rue cette année ?

-  Salut ! Oui, j’y suis, là.

- J’ai peut-être une info qui peut t’intéresser…

- Je t’écoute… Dis moi tout !

- Cette année, avec [censuré], on héberge une compagnie de comédiens. On les a vus répéter et ça a l’air de déménager.

- Ah oui ? C’est quoi le sujet de leur spectacle.

- Le travail. C’est assez hardocre, ça devrait te plaire.

- Ce seraient pas ceux qui font Tripalium? En feuilletant le guide des compagnies, j’ai mis une croix à côté d’eux… j’ai prévu d’aller les voir…

- Yes ! C’est ça ! La Compagnie Marzouk Machine !

- Fais partager bonheur alors !"

Mercredi 20 juillet. 13 h 45.

Une fois récupérées les coordonnées de Sarah, la "metteuse en scène et en espace", comme dirait Elie Semoun,, je l’appelle. J’ai du bol, ils jouent en soirée. On convient de se voir après le spectacle, elle et le reste de la compagnie, d’origine lyonnaise, presqu’entièrement issue du FRACO, une formation réservée à l’acteur comique et au clown « et menacée de disparition à cause de Laurent Wauquiez » (Brice, l’un des comédiens, qui jouaient l’année dernière dans une adaptation remarquée des Années d’Annie Ernaux, par le Groupe Tonne*).

Mercredi 20 juillet. 17 h 30.

Arrivée au Parking Lapray, où la Compagnie Marzouk Machine jouera tous les soirs à 17 h 30, sauf samedi. Il y a du monde. Beaucoup de monde. Est-ce parce que ce mercredi, toutes les compagnies ne sont pas encore arrivées et opérationnelles et que le public se masse là où se joue un spectacle quel qu’il soit ? Est-ce plutôt parce que le bouche à oreille a joué à plein ? Ets-ce le titre du spectacle ? Difficile à dire. Néanmoins, une chose est sûre : les festivaliers ont bien fait de venir. L’entrée en matière, dont je ne peux pas vous parler car ça gâcherait l’effet de surprise pour ceux qui assisteront au spectacle (et aussi parce que j’ai promis à la compagnie de me taire sur ce point) est originale, drôle, en même temps que profonde. Je dirais même que ça arrache. Dans tous les sens du terme... Envisager le travail comme ils le font, ça me convainc, en même temps que ça me fait rire.

Ça me convainc parce que la façon qu’ils ont de concentrer dans un espace-temps des conversations que j’ai moi-même pu avoir avec des amis ou lors de repas de famille, ainsi que de véritables expériences professionnelles, donne à l’ensemble une dimension particulièrement intéressante et permet d’appréhender autrement ce concept qui « n’existe pas dans la nature » qu’est le travail (Albert Jacquard), dont les origines sémantiques sont finalement assez glaçantes - travail vient du latin "tripalium", à la base une "structure pour immobiliser les boeufs", puis, à partir du Moyen-Âge, un instrument de torture.

Ça me fait rire – et je ne suis pas le seul à ricaner ou m’esclaffer - parce qu’ils recourent à un humour de qualité, oscillant entre férocité et légèreté. Celui que je préfère entre tous.

Bref, c’est à découvrir et même à aimer.

 S.P.A.B.

*Voir l’article d’Info-Chalon.com :

http://www.info-chalon.com/articles/chalon-dans-la-rue/2015/07/23/15161/chalon-dans-la-rue-2015-les-annees-du-groupe-tonne-du-lourd/

 

Mémo :

Lieu : Parking Lapray

Dates : Jeudi 21, vendredi 22, dimanche 23 juillet

Horaire : 17 h 30

Durée : 1 h 15 environ